Énergie : à combien ça chiffre ?Clés pour comprendre

12 avril 2002

Nous chauffer, nous éclairer, nous déplacer, nous nourrir, nous soigner, fabriquer des objets… c’est fou le nombre d’activités pour lesquelles nous avons besoin d’énergie ! Pour assouvir notre gourmandise en la matière, nous puisons toujours plus dans les ressources de la Terre. Jugez plutôt : au cours du siècle dernier, la consommation moyenne d’énergie par individu a été multipliée par sept. Et dans notre plat pays, où en sommes-nous ? Quels sont les secteurs de la société qui consomment le plus ? Quid des habitudes quotidiennes de nos compatriotes ? Comment se portent les énergies vertes chez nous ? Tour d’horizon avec des chiffres-clé.

Gros appétit

Portons d’abord un regard sur la situation générale en Belgique. Pas de quoi pavoiser: les Belges sont parmi les plus gros consommateurs d’énergie au monde (voir schéma consommation d’énergie). C’est lié à l’histoire économique et industrielle de notre pays. Est-ce plutôt plus ou plutôt moins qu’auparavant ? En fait, la consommation des différents secteurs (industrie, transports, services, ménages, agriculture) n’a pas évolué de la même manière. Cela risque de vous surprendre, mais finalement l’industrie est l’un de ceux qui a vu baisser sa consommation au cours de la dernière décennie. En revanche, dans le secteur des services, du transport ou chez les ménages, les chiffres de la consommation n’arrêtent pas de grimper.

Le nucléaire roi

Et à quels types de sources d’énergie donnons-nous la priorité ? Les produits pétroliers se taillent la part du lion avec pas loin de la moitié de notre consommation en énergie primaire. Mais en Belgique, le point le plus frappant est sans aucun doute l’énorme proportion de l’énergie nucléaire parmi l’ensemble de nos sources d’énergies. Surtout si on confronte nos chiffres aux moyennes mondiales (voir schéma sources d’énergie). Toutefois cette situation devrait changer avec le projet de loi qui prévoit la sortie à terme de la filière nucléaire. Cela signifie que les centrales seraient progressivement arrêtées quand elles auraient atteint l’âge de 40 ans, soit entre 2015 et 2025. Mais les débats sur ce sujet ne sont pas clos…

De maigres ressources locales

Creusons un peu plus la question de l’approvisionnement énergétique. Le point faible de la Belgique est clairement sa forte dépendance vis-à-vis de l’étranger. En effet, en 1998, nous devions importer des combustibles – c’est-à-dire des produits que l’on brûle pour produire de l’énergie, comme le charbon, le gaz naturel, le pétrole – et de l’uranium pour 98% de notre production d’énergie. Nos seules ressources locales sont le bois, la récupération de charbon de terrils et l’hydroélectricité. Une situation qui n’est pas sans poser d’autres problèmes liés au transport des énergies importées, en termes de consommation d’énergie, de pertes, de risques aussi. Sans compter que le pétrole, le charbon et le gaz s’épuisent…

Toujours plus de bien-être

On l’a vu, l’industrie n’est pas la seule à faire exploser la consommation énergétique belge. Nous, les particuliers, parce que nous recherchons toujours plus de confort, parce que nous nous déplaçons beaucoup, grapillons aussi de plus en plus d’énergie (voir schéma consommation d’énergie des ménages). Le chauffage est de loin le poste de consommation le plus important. Ce qui donne quand même une note d’espoir: les spécialistes estiment que le chauffage des logements est l’un des postes les plus propices à de belles économies. Mais tout le monde a-t-il accès à ce confort? Car, malgré cette profusion, l’énergie est coûteuse en Belgique, notamment l’électricité. En 2001, en Wallonie, il y a eu 11000 coupures pour non-paiement des factures, dont 5000 ont fait l’objet d’une remise en service dans les 30 jours. Sur les 6000 coupures restantes, une bonne partie concernait des personnes en grandes difficultés financières et sociales. Toutefois, au-delà du système des coupures, on tente de préserver l’accès à l’énergie pour ces populations. Diverses formules ont été mises en place. Il existe par exemple des tarifs sociaux spécifiques pour l’électricité et le gaz : 72000 personnes bénéficiaient de ce tarif plus bas pour l’électricité en 2001. De même, les distributeurs ont l’obligation de fournir une quantité minimale d’électricité aux plus démunis. Cette mesure est appliquée à une clientèle dite « protégée », se trouvant dans une situation sociale particulièrement délicate, en collaboration avec les CPAS (Centre public d’aide sociale). Une autre solution consiste à placer chez les gens un « compteur à pré-paiement », qu’ils alimentent eux-mêmes grâce à un système de carte du style Proton. L’avantage : cela leur permet de prendre conscience de leurs consommations électriques au fur et à mesure et de gérer leur budget familial plus efficacement.

Et les émissions de CO2?

Le dioxyde de carbone (CO2) est l’un des principaux responsables de l’augmentation de l’effet de serre. Il est produit par la combustion des énergies fossiles (gaz naturel, charbon et produits pétroliers), dont nous sommes friands pour assurer nos besoins énergétiques. Dans le cadre du Protocole de Kyoto, d’ici 2008-2012, l’objectif de la Belgique est de diminuer de 7,5% ses émissions de CO2 par rapport à 1990 (voir schéma émissions de CO2). Or, entre 1990 et 1999, nos émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 7%. On devra donc faire diminuer nos émissions de 14,5% par rapport à 1990.

La percée des énergies « vertes »

Hum, le tableau n’est guère reluisant. La Belgique a-t-elle commencé à réagir ? Encore timidement, diront certains. Mais c’est vrai que des énergies plus propres et qui ne s’épuisent pas sont apparues dans notre paysage énergétique (voir schéma énergies renouvelables). Malgré leur position marginale, ces énergies « vertes » devraient peu à peu grignoter l’espace dévolu aux énergies traditionnelles. Pour preuve, la Commission européenne propose de doubler la part des énergies renouvelables dans la consommation intérieure brute d’énergie de l’Union européenne pour passer de 6% en 1998 à 12% en 2010. La Wallonie, elle, vise les 8% à la même échéance. Au niveau de l’Etat belge, le Plan fédéral de développement durable a mis la réduction de la consommation d’énergie sur sa liste d’objectifs prioritaires. Gageons que tous ces paris sur l’avenir seront tenus ! Et de notre côté, allons regarder de plus près quand nous devons, par exemple, concevoir et équiper nos maisons, choisir une voiture ou un autre moyen de transport. Il y aura alors plus de chances que la balance énergétique penche du bon côté.

Sources des schémas successifs :

  • Consommation intérieure brute d’énergie par habitant en 1998 (tep/hab). Institut Wallon in Projet « Plan pour la maîtrise durable de l’énergie ».
  • Parts de marché des différentes énergies primaires en % du total en 2000. MAE, Administration de l’énergie
  • Répartition par usages de la consommation d’énergie des ménages en 2000. Projet « Plan pour la maîtrise durable de l’énergie »
  • Parts de marché (en %) des différentes énergies renouvelables dans la production d’électricité issue de l’énergie renouvelable en Belgique. Energie 2000, rapport du Ministère des Affaires économiques, Administration de l’énergie.

4 commentaires sur “Énergie : à combien ça chiffre ?”

  1. Christophe Dubois dit :

    Désolé, nous n’avons plus la version originale de ces graphiques. Vous pouvez cependant téléchargez ces versions web (de faible qualité, veuillez nous en excuser) en cliquant sur le bouton droit de votre souris.
    Quant aux sources, elles sont toutes précisées en fin d’article.
    Merci pour votre fidélité à Mondequibouge
    Cordialement
    Christophe Dubois

  2. François dit :

    Bonjour, je suis étudiant ingénieur civil en énergie.
    Pourriez-vous m’indiquer les sources qui vous ont permis de construire le graphique en camembert de votre rubrique « Toujours plus de bien-être » (camembert décomposant la consommation d’énergie des ménages: transport, chauffage, …)

    bonne journée
    merci

  3. Greglemils dit :

    bjrs , pourriez vous m’envoyer des schemas et graphique portant sur le charbon et le gaz naturel (consommations , ….)

  4. denis dit :

    Bonjour, pourriez-vous m’envoyer un graphique montrant les proportions des energies utilisées utilisés en Belgique.Merci