La mobilité sort ses cartesClés pour comprendre

11 juillet 2006

Ça bouge côté mobilité durable. Alors que les cinq ministres belges de la Mobilité envisagent sérieusement la création d’un ticket unique pour les transports en commun, germe ça et là l’idée de cartes visant à faciliter la vie des utilisateurs de transports publics en Belgique. Avec le renfort des nouvelles technologies, ces cartes réussiront-elles à répondre aux défis de demain en matière de mobilité ?

Bientôt la fin des tickets de transports accumulés dans le fond de sa poche après être passé d’un bus wallon, au train, pour terminer dans le métro bruxellois ? C’est en tout cas le souhait des cinq ministres de la Mobilité en Belgique, qui se sont mis d’accord pour qu’un ticket unique voit le jour d’ici 2010. Cette intégration des différents systèmes tarifaires devrait concerner les sociétés de transports publics TEC, De Lijn, STIB et SNCB. Mais le ticket unique n’impliquera cependant pas une uniformisation des tarifs sur tout le territoire : les sociétés de transports publics garderont leur autonomie.

À terme, ce ticket unique pourrait également concerner la location de véhicules à la demande (Cambio), le Thalys et le parking. Un simple ticket pour faciliter la vie des citoyens et, surtout, les inviter à utiliser davantage les transports en commun. Mais les cinq ministres ne sont pas les seuls à avoir sorti leur carte du jeu de la mobilité. D’autres initiatives existent, souvent encore au stade de projet.

« Hypermobil », un exemple d’écopass

C’est le cas de la carte Hypermobil, proposée par le parti Ecolo. Au premier coup d’œil, cette carte ressemblerait à une carte de crédit. Mais sa puce offrirait un paquet de possibilités : un accès à tous les réseaux de transports en commun, ainsi qu’une utilisation auprès des sociétés de taxis, de car-sharing et de location ou de prêt de vélo. Une sorte d’Ecopass, en somme, qui forcerait les sociétés de transports publics à trouver un accord vers plus d’efficacité.

À l’heure où 500 000 immatriculations voient le jour chaque année en Belgique, dont 50% pour des voitures de société, la carte Hypermobil agirait aussi comme alternative à la voiture de société. Ecolo propose en effet que les entreprises alimentent la carte Hypermobil de leurs employés avec les mêmes montants qui servent au financement d’une voiture de société. Les entreprises bénéficieraient également des mêmes avantages fiscaux que ceux qu’ils perçoivent actuellement pour leurs véhicules de société.

Vers la carte unique axée nouvelles technologies

Peu de doutes là-dessus : le titre de transport est amené à se moderniser, à surfer sur la vague des nouvelles technologies. Tout comme la récente carte d’identité électronique, la tendance penche vers un système de carte à puce.

La STIB, Société des Transports Intercommunaux Bruxellois, est d’ailleurs actuellement plongée dans le renouvellement de son système de billettique. D’ici 2008, la capitale belge devrait se voir dotée d’un système flambant neuf et les utilisateurs d’une carte à puce « Mobib » contenant leur contrat de transport (ticket 5, 10 places, abonnement, etc.) et d’un porte-monnaie électronique. La STIB a opté pour une carte « sans contact » : l’utilisateur n’aura qu’à passer sa carte devant un lecteur de données.

« Ce projet est conçu de façon ouverte et transversale. Les autres opérateurs du secteur des transports ont été invités à participer à son élaboration », explique Kris Lauwens, directeur général adjoint de la STIB. « Ce système, qui est compatible avec le protocole d’accord des cinq ministres de la Mobilité, est également pensé et conçu pour être généralisé ». Certains opérateurs des transports publics craignent en effet que les différents standards de billettique se multiplient, ce qui ne faciliterait pas la vie aux voyageurs. Jean Vandenbroecke, administrateur général adjoint des TEC, le souligne lorsqu’il fait référence à la décision des cinq ministres de la Mobilité: « Il faut se mettre d’accord sur les standards techniques. Ce n’est pas aussi évident que ça de dire : chacun fait ce qu’il veut du moment que ce soit interopérable ».

Autre crispation quant à la mise en circulation de cartes à puce : l’important investissement financier. À titre d’exemple, le projet Mobib coûtera la bagatelle de 12 millions d’euros. « Tout système de cartes à puce est excessivement cher ! », sonne Michel Jadot, le général manager de la direction « Voyageurs » de la SNCB.

Des questions en suspens…

La carte unique, un pas en avant ? Certainement. Mais une telle avancée ne devrait-elle pas aller de pair avec d’autres évolutions ? L’amélioration des transports publics (correspondances, confort, fréquence, accessibilité dans les zones rurales, etc.) et le développement d’infrastructures réservées aux vélos, par exemple. D’autres aspects de la vie au quotidien ne devraient-ils pas aussi être pris en compte ? Comme le ramassage scolaire ou la promotion des commerces de proximité. Et qu’en est-il des initiatives à entreprendre afin de modifier les comportements en matière de mobilité et d’habituer les enfants aux transports en commun dès leur plus jeune âge ?

Toutes ces réflexions émanent du public présent lors de la présentation de la carte Hypermobil. Le profil de la future carte de transport, Hypermobil, Mobib ou autre, ne pourra donc se dessiner à la légère, sous peine de perdre de son efficacité et de ne pas rencontrer le succès escompté auprès des citoyens.

Céline Teret

Pour en savoir plus:

Sur le site d’Etopia, les actes du forum « La carte Hypermobil »

Un commentaire sur “La mobilité sort ses cartes”