L’éco-anxiété, quésaco ?Clés pour comprendreFocus

4 novembre 2019
Un simple petit geste au quotidien pour la planète ou un changement radical de mode de vie, à chacun sa sauce. Pourtant, comment ne pas se laisser submerger par sa conscience environnementale, par l’inaction, malgré sa propre implication, quelle qu’elle soit ? Point sur l’éco-anxiété avec Aline Prevot alias Bioté naturelle.

Surnommé « le mal du siècle », l’éco-anxiété ou solastalgie est une nouvelle forme d’anxiété générée par le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité, l’avenir incertain de la planète mais aussi l’avenir de sa propre personne.

Si cette éco-anxiété génère pour certains une conscience environnementale et un déclic pour se mettre en action, pour Aline Prevot, la cause est pour ainsi dire, différente. Aline alias Bioté naturelle est une entrepreneuse et blogueuse dans le domaine de l’écologie, de la beauté naturelle et du Zéro Déchet. Depuis peu, cette influenceuse française a pu mettre un mot sur le mal qui l’enveloppait, un mal qu’elle définit comme un sentiment anxiogène, un sentiment de peur et d’impuissance face à l’inaction climatique. Elle affirme : « Dans mon cas, c’est plutôt un sentiment d’être totalement impuissante face aux gens qui ne bougent pas, face aux institutions qui ne font rien non plus. C’est vraiment le sentiment de me sentir totalement désemparée quitte à me demander si ce que je fais a vraiment un impact. »

Elle poursuit : « J’ai de la chance, pour d’autres personnes, lorsqu’ils ne font pas une chose assez bien, pas assez « écolo », ils vont culpabiliser, ils vont s’en vouloir à mort. »

On remarque bien, la cause d’une éco-anxiété peut être différente selon chaque personne. Au départ, pour Aline, une simple vidéo concernant le climat pouvait la mettre dans tous ses états : « Récemment, lorsque je regardais des vidéos sur les manifestations pour le climat, j’étais devant mon ordi et je me mettais à pleurer. Au début, je me disais, « ce n’est pas grave, j’ai des émotions qui sont à fleur de peau ». Mais non, ça ne passait pas. Le gros déclic que j‘ai eu, c’est en me rendant compte que les gens qui n’agissaient pas, me mettaient dans des états pas possibles. Ça m’énervait, ça me prenait aux tripes, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi les gens n’agissaient pas ! »

S’il y a bien une chose sur laquelle les personnes souffrant d’éco-anxiété peuvent se mettre d’accord, c’est sur l’avenir. Un avenir inexistant, qu’ils peinent à entrevoir. Pour la plupart par exemple, la question d’avoir ou non des enfants n’est pas discutable. « Il y’a un sujet qui revient beaucoup chez moi et chez beaucoup d’autres personnes, c’est le fait d’avoir des enfants. Moi, j’en ai toujours voulu plus tard, mais à l’heure actuelle, j’en viens à juste ne plus vouloir y penser. Pour moi, c’est impossible de me projeter là-dedans », confie Aline.

Un mal être reconnu

Tout le monde n’est pas concerné par ce mal-être, mais beaucoup deviennent éco-anxieux face à l’aggravation actuelle de la situation environnementale ainsi que par sa médiatisation. Des professionnels se sont penchés sur la question via l’écopsychologie, terme né dans les années 90. Il s’agit d’une science qui unit la psychologie et l’écologie. Cette science s’adresse autant aux personnes souffrantes et se sentant impuissante face à la destruction de la Terre mais également aux personnes manquant de contact avec la nature dans leur vie quotidienne.

Pour Aline c’est une très bonne chose : « Je suis sûr qu’il y a des gens qui ont vraiment besoin d’en parler pour se sentir compris, me concernant, je suis dans un environnement qui est totalement favorable à l’écologie, les personnes autour de moi sont super sensibilisées, elles se rendent compte des enjeux. Pour une personne qui est dans un cercle amical et familial qui ne se soucie pas du tout de ça, ça peut être très difficile de se faire comprendre et de garder sa motivation. »

Que faire ?

Pour Aline, dont le métier traite pratiquement de l’écologie et de l’environnement, il a été difficile de trouver un terrain d’entente entre ses émotions et la réalité de tous les jours. Se couper des médias et du réseau social Facebook lui a, dans un premier temps, fait le plus grand bien. Elle raconte : « Je ne vais quasiment plus sur Facebook car c’est justement là où il y avait ma plus grosse source d’éco-anxiété. Toutes les vidéos sur la pollution dans mon fil actualité, même les informations positives, au final, ça ne me faisait plus de bien, tellement celles négatives étaient majoritaires. »

Un dilemme est pourtant présent car pour les personnes qui baignent dans le milieu de l’écologie, le besoin d’informations n’est pas forcément nécessaire. Tandis que pour ceux qui débutent seulement, ces informations sont capitales mais cela reste à double tranchant. Aline en a parfaitement conscience : « Les informations en boucle qu’on connait déjà et qui passent à la TV ou sur les réseaux sociaux, c’est bien pour les personnes qui ne savent pas ce qui se passe mais ça nourrit énormément ce sentiment d’éco-anxiété pour les personnes qui le vivent. »

En conclusion ?

Ce qui a surtout aidé Aline Prevot à passer au-dessus de son éco-anxiété, c’est de mettre sa vie en pause, pendant quelques temps. Eviter tout ce qui touche de près ou de loin à l’urgence environnementale, pour se reconcentrer sur elle-même et prendre du temps pour elle. Si l’éco-anxiété peut paraître négative, elle peut également avoir du bon comme un passage à l’action, toujours en prenant le temps de se ressourcer pour revenir plus déterminé que jamais, comme l’a vécu Aline.

Safia Choujaâ

Sources :

https://www.anxiete.fr/

http://www.slate.fr/story/175785/ecopsychologie-ecologie-psychologie-retour-nature

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