C’est l’histoire d’un grain…Reportages

8 août 2019

Pesticides et additifs… Face au contenu des aliments industriels, l’insouciance n’est plus de mise. À Clermont (Liège), quatre jeunes passionnés de bon pain à l’ancienne ont choisi de regarder dans le passé pour s’inscrire dans le présent et impacter l’avenir. Leur idée : relancer une filière complète locale, naturelle et bio « du grain jusqu’au pain ».

« Revenir les mains pleines de terre du jardin, avec l’odeur des vaches de la ferme voisine et des pommes murissant sur l’arbre, les piaillements des moineaux dans les hêtres et des écorchures aux genoux, les tartines beurrées à l’heure du goûter… » Voilà ce que retient un enfant du Pays de Herve, né au siècle dernier. Et aujourd’hui, qu’avons-nous à offrir à nos enfants ?

Leurs farines seront vendues prioritairement aux paysans-boulangers coopérateurs qui s’engagent à respecter une charte de qualité du pain.

Avec la conscience des dangers des pesticides et des additifs contenus dans les aliments proposés par l’industrie agro-alimentaire, l’insouciance n’est plus de mise. Pour réagir à ce marasme, quatre jeunes (deux hommes et deux femmes) passionnés de bon pain à l’ancienne ont choisi de regarder dans le passé pour s’inscrire dans le présent et impacter l’avenir. Ils ont baptisé leur projet « Histoire d’un grain ».

Chacun des acteurs du projet a grandi sur le Plateau de Herve et rêve de s’installer comme paysan-boulanger. Avec leur enthousiasme et leur énergie, il leur a paru évident d’allier leurs forces et de créer ensemble une coopérative agricole qui produirait une farine 100 % locale, naturelle et bio. Ils lancent une coopérative à finalité sociale engagée dans la réinsertion de céréales anciennes pour produire et transformer le grain. Ensuite, ils vont le moudre de manière lente et naturelle, sur meules de pierre, afin de conserver nutriments, saveurs et vitamines, en vue d’obtenir une alimentation locale humaine. Pour cela, ils ont acheté quatre hectares de terrain à Clermont et ramené un moulin d’Auvergne pour le remonter ici. La coopérative cherche encore à acheter d’autres moulins dotés de meules de pierre. Leur objectif est de proposer des farines de froment, d’épeautre, de seigle et de sarrasin, en version complète et semi-complète.

Travailler selon ses valeurs

Pour les fondateurs, il s’agit également de travailler de manière conforme à leurs convictions en s’associant à d’autres agriculteurs bio de la région pratiquant l’agro-écologie : maillages de haies, créations de bordures boisées, de lignes d’arbres entres les cultures agricoles…

D’après l’étude de marché qu’ils ont menée en amont, la demande de farine blanche est très forte. Ils travailleront donc sur une farine semi-complète, moulue de manière très fine, sans fibres apparentes. Ces farines seront vendues prioritairement aux paysans-boulangers coopérateurs qui s’engagent à respecter une charte de qualité du pain. Un pain de fermentation longue, majoritairement au levain et sans additif ni adjuvant. Cependant, il faudra quelques saisons pour que le grain puisse être récolté.

« Histoire d’un grain » est soutenue par le GAL-Pays de Herve (Groupe d’Action Local) qui voit dans ce projet l’opportunité de créer de nouveaux débouchés pour les agriculteurs et les distributeurs de la production régionale. À plus long terme, il contribuera à créer des emplois et à compléter l’offre locale de maraîchage et de produits laitiers. La coopérative est ouverte aux citoyen·ne·s qui veulent soutenir ce projet. En souscrivant une ou plusieurs parts (250 € l’unité), chaque personne peut devenir copropriétaire. (1) On parie que les titres de coopérateurs partiront comme des petits pains…

Josiane Delrez
Article publié dans Plein Soleil n°838 (janvier 2019), la revue de l’ACRF – Femmes en milieu rural
Photo : (c) Histoire d’un grain scrlfs

(1) Si vous souhaitez devenir co-propriétaire : complétez le formulaire en ligne sur www.histoiredungrain.be ou contacter le 0474 22 98 11 et versez le montant correspondant au nombre de parts acquises, avec un maximum par coopérateur de 5.000 €, soit 20 parts.

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