Je mange bio ou local ou équitable ?Clés pour comprendre

27 avril 2009

REC-je-mangeNous achetons et consommons tous les jours de multiples denrées alimentaires: fruits et légumes frais, viande, poisson, pâtes, boissons, surgelés, yaourts, conserves, etc. Cela représente quelque 18 kg d’aliments par semaine et par ménage, et correspond à plus ou moins 15% de nos dépenses. Autant dire que c’est toute une gestion !

Les achats alimentaires sont aussi l’occasion de se poser de multiples questions, en particulier lorsque l’on cherche à être un consommateur responsable. Comment faire pour acheter mieux avec mon rythme de vie et mes 3 enfants ? Le bio est-il réellement meilleur pour la santé ? Comment être sûr que l’argent du commerce équitable va bien au producteur ? Les produits bio sont-ils plus chers ? Comment identifier la provenance des produits frais ? Ont-ils été traités par des pesticides ? Devrais-je privilégier du miel d’ici ou d’Amérique du Sud mais issu du commerce équitable ? Est-ce raisonnable d’acheter des haricots verts bio du Kenya ? Existe-t-il des producteurs chez qui m’approvisionner dans mon coin ? Est-ce vrai que trop de sucre nuit à la santé ? Et de multiples autres questions encore. 

Ce dossier cherche à éclairer divers aspects concrets généralement associés à l’alimentation durable : l’agriculture biologique, le commerce équitable et la production locale. 

Il vise aussi à aider le consommateur à concilier ces solutions. La combinaison finale sera cependant fonction des choix individuels et de l’importance donnée par chacun aux critères environnementaux et/ou éthiques et/ou de santé.

L’agriculture biologique : c’est quoi ?

label-biogarantie
Label biogarantie
 (belge)

www.biogarantie.be

label-natureprogresLabel Nature & Progrès
 (belge et français)

www.natpro.be

label-europeenbioLogo européen de l’agriculture biologique, 
obligatoire à partir de 2009
www.agencebio.org

label-abLabel agriculture biologique
 (français)

www.agriculture.gouv.fr

L’agriculture biologique constitue un mode de production qui trouve son originalité dans le recours à des pratiques culturales et d’élevage soucieuses du respect des équilibres naturels. Ainsi, elle exclut l’usage des produits chimiques de synthèse, des OGM et limite l’emploi d’intrants (tout ce que l’on ajoute à la terre : engrais, pesticides…). Le bio suit un cahier des charges strict qui privilégie, à tous les stades, le respect de l’agriculteur, de la nature, des animaux, de notre environnement et de la santé. En bio, les produits chimiques de synthèse ne sont pas autorisés, les animaux disposent d’espaces suffisants pour vivre, l’adjonction systématique d’antibiotiques aux aliments des animaux est interdite, etc.
 Les produits issus de l’agriculture biologique sont contrôlés et reconnaissables au travers de labels (voir 4 labels ci-contre).

Ces labels se distinguent par la gamme de produits qu’ils couvrent (alimentation, textile, etc.), par les critères sociaux, écologiques et économiques contrôlés et par l’organisme de contrôle qui octroie la certification (voir aussi www.infolabel.be pour tous les détails sur ces labels et d’autres). D’autres logos privés permettent de distinguer des « marques » de produits biologiques.

Quelques chiffres. Le bio représente près de 2% du marché de l’alimentation. En Belgique, on compte quelque 250 points de vente spécialisés, en plus de la vente de produits bio dans les supermarchés. Côté production, le nombre de producteurs et de transformateurs bio et les superficies cultivées en bio sont en augmentation. Idéalement, on verrait l’offre de produits bio locaux augmenter parallèlement à la demande.

Plus cher le bio ? Oui mais…
Oui, les produits bio sont en règle générale plus chers mais pas toujours. Et c’est à nuancer :
- le surcoût s’explique par une échelle de production plus petite et parfois des coûts en main d’œuvre plus élevés. Toutefois, le coût du transport de produits issus du Sud est parfois compensé par une main d’œuvre meilleure marché. Les conditions sociales de production peuvent ainsi être garantie par un label de commerce équitable.
- des études montrent que les ménages qui se fournissent dans des magasins bio spécialisés ou directement chez le producteur consacrent moins d’argent en moyenne pour l’alimentation car ils sont plus proches de leurs besoins réels.
- le prix des aliments conventionnels est sous-estimé car il ne tient pas compte des impacts sur l’environnement (par exemple pour la dépollution des eaux) et la santé. Ainsi, concernant la santé, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) a démontré que les aliments bio contiennent moins de pesticides et de résidus de médicaments vétérinaires et, dans bien des cas, de nitrates. La FAO a aussi montré que l’agriculture biologique peut contribuer à la lutte contre la faim.
- certains produits bio sont sensiblement plus chers que leurs correspondants non bio, c’est typiquement le cas de la viande. La solution ici est de consommer moins de viande mais de bien meilleure qualité !
- la viande et les légumes bio ne fondent ou ne sèchent pas comme des aliments « traditionnels » et sont plus riches en nutriments (selon Nature & Progrès, de 20% à 75% en plus de vitamines, protéines, oligo-éléments, sels minéraux…).

Le commerce équitable, c’est quoi ?


label-fairtradeLogo de l’organisme de certification
 Max Havelaar
www.maxhavelaar.be

label-mayaMarque de l’organisation 
Maya Fair Trade
www.maya.be

label-oxfam2label-oxfam1Marques de l’organisation Oxfam-Magasins
www.madeindignity.be

Selon l’Organisation Mondiale du Commerce équitable (www.wfto.com), le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. 

Supportées par les consommateurs, les organisations de commerce équitable sont activement engagées à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel. 

Ainsi, un principe du commerce équitable est la garantie donnée aux petits producteurs de commercialiser leurs produits à des prix qui couvrent les coûts d’une production durable tant du point de vue social qu’environnemental. C’est également une garantie de relative stabilité des prix et la mise en place de conditions et de délais de paiement, voire des possibilités de préfinancement, qui évitent aux paysans et aux artisans de brader leurs produits ou d’avoir recours à des prêts à taux usuriers. 

Les produits et les organisations de commerce équitable se conforment à une grille de critères et sont aussi reconnaissables par des labels, des logos et des marques (voir ci-contre).

Les produits du commerce équitable sont disponibles dans de multiples magasins et points de vente (voir www.befair.be). Ils se distinguent par les gammes de produits commercialisés et par le type de contrôle opéré sur la filière de production et de commercialisation. On peut ainsi trouver des produits du commerce équitable auprès des organisations de commerce équitable, dans les magasins engagés, dans la grande distribution et auprès des détenteurs de licence Max Havelaar.


L’alimentation locale


Le produit « idéal » serait un produit dont les matières premières et la transformation sont effectuées localement. Il serait directement vendu par le producteur aux consommateurs selon le concept de « circuit court ». Cela permet de réduire le transport des produits, d’offrir une meilleure rémunération au producteur puisqu’il n’y a pas d’intermédiaires et de créer un contact direct ainsi qu’une relation de confiance avec celui-ci. 

L’alimentation locale peut prendre diverses formes. La plus répandue est sans doute l’achat de produits locaux dans les circuits conventionnels de distribution (épiceries, supermarchés, etc.) Pour favoriser le circuit court, on peut se tourner vers :
- les groupes d’achats communs ou GAC qui gèrent collectivement l’achat de produits locaux.
- les groupes d’achats solidaires ou GAS qui soutiennent volontairement certains producteurs.
- l’achat direct au producteur sur un marché ou au lieu même de production.

Conseils pour une alimentation durable

L’agriculture biologique, le commerce équitable et une alimentation à base de produits locaux font partie intégrante d’une alimentation durable. Ces concepts se renforcent mutuellement. Il ne s’agit donc pas forcément de « choisir » entre ces produits mais plutôt de « concilier » ces produits en fonction de critères personnels et de possibilités réalistes autour de soi. La valorisation de produits bio, équitables et locaux est aussi une manière d’encourager un mode de production familial et une agriculture paysanne.

On pourrait donc procéder par gradation dans ses choix :
- réfléchir avant d’acheter afin d’adapter les quantités aux besoins, établir une liste de courses, valoriser les restes, etc. pour éviter le gaspillage. C’est à ce moment que les véritables économies se réalisent. C’est aussi l’occasion d’identifier les fruits et légumes de saisons, d’envisager un petit potager, etc.
- lorsque c’est possible, privilégier des produits bio qui soient en même temps des produits locaux. Le transport est en effet une cause importante des émissions de gaz à effet de serre. Les produits en vrac auront aussi nos préférences pour réduire les déchets d’emballage.
- pour les produits du Sud, privilégier des produits bio et équitables : café, bananes, oranges, thé, etc.

Jean-François Rixen, Réseau Eco-consommation
Article paru dans L’Art d’éco… consommer n°47 (avril 2009), newsletter du Réseau Eco-consommation

En savoir plus et passer à l’action:

  • Biottin : répertoire détaillé des points de vente directe à la ferme ou sur les marchés, magasins spécialisés, services de livraison à domicile, abonnements aux paniers bio, groupements d’achats locaux mais aussi, restos 100% bio, gîtes à la ferme, fermes pédagogiques bio, etc. Infos : Nature & Progrès, 081 32 30 57 – www.natpro.be
  • Début des haricots, asbl ayant pour but la protection de l’environnement, avec l’alimentation comme thème prioritaire : www.haricots.org
  • Bioforum, retrouvez-y notamment les adresses de magasins, paniers bio, point de vente à la ferme… : www.bioforum.be
  • Guide pour une alimentation durable à Bruxelles : www.observ.be
  • Calendrier des fruits et légumes locaux, de saison et bio de Nature & Progrès, ainsi que le guide des fruits et légumes bio : www.natpro.be

Un commentaire sur “Je mange bio ou local ou équitable ?”

  1. Jim B dit :

    bonjour,

    Il est clair que c’est une tendance de fond qui apparait et non une mode .elle prend doucement mais elle s’installe pour des années. quoi de plus equitable que de faire travailler ceux qui traine leur misère seulement parce qu’il s’obligent a fournir des produits de qualité ; déjà pour les aider adhérez a http://jemangelocal.ning.com.
    c’est un nouveau réseau qui a de l’avenir .

    A bientot