L’éducation relative à l’environnement : fertile mais fragileGestes pratiques

8 janvier 2016

Avec sa campagne « Et pour vous, ça compte? », le secteur de l’Education relative à l’environnement (ErE) lance un cri d’alarme. La viabilité de ses associations est fragilisée par les politiques d’austérité. Pourtant, plus que jamais, l’éducation, et plus particulièrement l’ErE, est essentielle pour évoluer vers une société respectueuse de la planète et de ses habitants, une société plus juste et solidaire. Explications et témoignages.

« Comme les autres Centre Régional d’Initiation à l’Environnement (CRIE), nous subissons des réductions budgétaires depuis plusieurs années. Pour y faire face, on a d’abord réduit toutes nos dépenses fonctionnelles, en récupérant, en étant créatifs… On a aussi réduit le temps de travail. Le Club Nature qui réunissait des jeunes tous les mercredis après-midi a été supprimé. D’autres activités, notamment à destination des écoles, ont été adaptées ou réduites. On ne peut pas se permettre d’augmenter le prix de nos activités, parce que sinon on perdrait notre public. Le CRIE est situé en zone peu peuplée et dans un endroit isolé. Pour les écoles, le coût du déplacement est déjà important. On ne peut donc pas leur demander de payer davantage. Ce qui fait fonctionner l’associatif, ce ne sont pas des machines mais du personnel. Les salaires représentent 80% de nos dépenses. Quand on est arrivé au bout du bout, la ficelle était trop tendue : deux personnes ont été licenciées… Ce qui nous choque, c’est qu’il y a eu une tentative de faire passer ces restrictions budgétaires sans faire de bruit. Et il y a aussi l’incertitude permanente qui pèse sur nous, comme sur toutes les associations touchées. Nous avons besoin d’une communication claire qui nous permette d’anticiper. Cette situation crée aussi une concurrence entre associations à la recherche de subventions. C’est difficile de travailler dans ces conditions-là. » Christian Dave, coordinateur du CRIE du Fourneau Saint-Michel à Saint-Hubert

Chaque jour, en Wallonie et à Bruxelles, une bonne centaine d’associations travaille à éduquer à l’environnement et au développement durable. Elles touchent chaque année des dizaines de milliers d’enfants et enseignants, de jeunes et adultes, de familles… dans des contextes variés, autour de nombreuses thématiques environnementales vécues grâce à démarches pédagogiques actives. Au programme : classes vertes, balades ou stages natures, animations mobilité ou bruit, ateliers créa-déchets ou éco-culinaires, audit énergétique réalisé par les élèves, sensibilisation en entreprise, formations, accompagnement de projets dans les quartiers, création de jeux et ouvrages pédagogiques…

Des animateurs, formateurs et coordinateurs travaillent au quotidien dans l’ErE. Le job de ces professionnels : nous aider à penser et vivre l’environnement, dans les classes, les quartiers, la nature, nos vies ; nous aider à comprendre les liens entre enjeux environnementaux, sociaux et économiques ; nous donner l’envie et le pouvoir d’agir.

Parties de quelques initiatives pionnières et bénévoles dans les années 60, les associations d’Education relative à l’Environnement (ErE) se sont progressivement multipliées et professionnalisées, afin de répondre à une demande croissante et d’aborder des enjeux de plus en plus complexes et importants. Parallèlement, elles ont pu bénéficier de la part des pouvoirs publics de financements et de reconnaissances structurels, avec création d’emplois à la clé. On estime ainsi à plus de 500 les animateurs, formateurs et coordinateurs qui travaillent au quotidien dans l’ErE DD, avec des statuts divers.

Un secteur fragilisé

Aujourd’hui, alors que les crises environnementales et leurs effets socio-économiques se multiplient, l’urgence d’une éducation à l’environnement pour tous s’impose. Pourtant, la viabilité des associations d’ErE DD est fragilisée par les politiques d’austérité mises en place par les gouvernements régionaux. En effet, comme une grande part du secteur non-marchand, ces associations sont visées par des diminutions (et/ou la non indexation) de subsides avec pour conséquence directe une réduction et une précarisation de l’emploi (qui représente jusque 85% des charges). Pour faire face aux diminutions budgétaires, certaines associations diminueront l’ampleur ou la qualité de leurs activités, d’autres seront contraintes d’augmenter le prix de leurs prestations (animations, formations, services).

La dernière newsletter d’Apis Bruoc Sella avait pour objet « Association en danger – Appel aux dons ». Cette asbl bruxelloise de sensibilisation à la nature urbaine s’est en effet vu supprimer la moitié de ses subsides régionaux pour 2015. « Les abeilles peuvent compter sur les soins des apiculteurs pour les aider à passer l’hiver. Il n’en va pas de même pour le secteur associatif environnemental bruxellois qui a malheureusement pu expérimenter cette situation de pénurie de ressources en 2015. Et Apis Bruoc Sella tout particulièrement, puisque nous sommes une des rares associations à avoir vu notre soutien régional structurel en éducation à l’environnement réduit de 50% (contre 15% pour la plupart des associations), et la fin du soutien de projets citoyens comme « Mayage » ou « 1m² pour la Nature ». Avec ces ressources financières limitées, une bonne partie de nos actions éducatives au service de la nature à Bruxelles a tout simplement disparu. Nous restons actifs dans les écoles, mais moins que par le passé ! A vous, citoyens et citoyennes, nous n’avons plus l’occasion de fournir une information de qualité sur les abeilles et la nature en ville via notre site, notre newsletter ou encore nos actions sur le terrain. Le soutien que nous pouvions apporter aux initiatives citoyennes ou aux professionnels pour faire de Bruxelles une ville « Nature admise » est réduit à presque néant. Ces actions n’ont pas été jugées utiles !!!

 C’est avec beaucoup de tristesse que nous voyons le travail accompli depuis plus de 10 ans malmené de la sorte et avec crainte que nous sentons la survie d’Apis Bruoc Sella et de son projet sociétal menacés. » Face à cette situation critique, l’asbl en appel à la générosité de donateurs…

Les associations d’éducation relative à l’environnement, fédérées par le Réseau IDée, s’inquiètent. La gestion des misères des finances publiques sacrifierait-elle l’éducation, l’environnement, la solidarité… le futur ? Serions-nous des variables d’ajustement budgétaires ? L’éducation à l’environnement sera-t-elle bientôt réservée à ceux qui peuvent payer ce qui n’est plus redistribué ? Allons-nous vers une marchandisation de l’associatif ? La calculatrice ne peut pas être le moteur de l’éducation. L’action des acteurs de l’ErE DD ne peut être réduite à une suite de chiffres, celui des économies réalisées ou du nombre d’élèves touchés par euro investi. Ce qui compte ne se compte pas toujours.

De nombreux indicateurs environnementaux et sociaux sont dans le rouge et exigent la sortie des modèles socio-économiques dominants, visant le profit à court terme et d’une minorité. Il faut d’urgence investir dans les humains, leurs relations à l’environnement et leurs capacités à faire de demain un horizon plus soutenable et souhaitable. C’est ce à quoi les acteurs de l’ErE DD veulent contribuer, chaque jour. C’est un travail de longue haleine. Un pari sur l’avenir.

Si, pour vous, l’éducation relative à l’environnement (ErE), ça compte énormément, dites-le en signant ici :

>>>>>> www.cacomptepourvous.be



Cette campagne est une initiative collective des associations d’Education relative à l’Environnement (ErE) actives en Wallonie et à Bruxelles, regroupées au sein du Réseau IDée

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Pour en savoir plus sur ce qu’est l’ErE, rendez-vous ici.

Découvrez les nombreuses associations d’ErE actives à Bruxelles et en Wallonie, ainsi que les activités (stages, formations, ateliers…) organisées dans votre région, en vous rendant sur le site du Réseau IDée.

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