Un ticket pour démarrerReportages

22 décembre 2005

Le passage de l’exclusion à l’intégration a besoin de véritables autoroutes. Mais il suffit parfois de tracer un sentier. Rencontre avec Action Vivre ensemble, Article 27, Prison et réinsertion et Dynamo, des associations qui s’y attachent avec des moyens divers

« La Rochelle, une association de Roux, près de Charleroi, s’est donné comme mission de sortir des personnes dans la pauvreté, de l’isolement, nous explique Claude Mormon, secrétaire exécutif d’Action Vivre ensemble. De condition modeste eux aussi, les membres de l’association sont très fiers d’en faire partie car ils en sont acteurs. Ils ont mis en place un magasin social, des lieux de rencontre ainsi que des systèmes d’entraide, tout cela dans une démarche de réflexion collective. En outre, ils se sont intégrés au Réseau wallon contre la pauvreté et ils s’exercent également à un travail d’interpellation politique ». Voici un exemple du type de projet soutenu par cette association catholique active depuis 32 ans en Belgique francophone. Bien que juridiquement distinctes, Action Vivre ensemble, constitue avec Entraide et fraternité (ONG de coopération au développement) et Vivre ensemble éducation (visant la sensibilisation et le lobbying politique) une seule organisation de lutte contre la pauvreté et l’exclusion.

entraideLes organisations de lutte contre la pauvreté actives tant chez nous que dans le tiers monde sont très rares en Belgique. Certes, des organisations de coopération ou d’urgence comme Oxfam, Médecins du monde ou Médecins sans frontières développent également des activités en Belgique, mais celles-ci restent limitées par rapport aux projets menés dans le Sud. ATD Quart-Monde constitue un cas à part : le cœur de son action étant en Belgique, elle développe certaines actions dans le tiers monde via une petite ONG, Terre de demain. En général, les organisations belges qui travaillent dans le tiers-monde et celles visant le quart monde sont deux mondes à part.

« Action Vivre ensemble est l’héritière d’un dialogue avec le Sud, indique Claude Mormon. Au début des années soixante, sensible aux réalités du Sud, l’Eglise belge s’était investie dans la coopération internationale. Dans un premier temps, assez vite dépassé, l’aide était vue de manière très paternaliste. Il y eut alors des interpellations, notamment de la part des évêques latino-américains, comme le Brésilien Helder Camara, nous rappelant que la solidarité devait également être pratiquée chez nous. Les évêques ont ainsi décidé de réaliser une campagne de récolte de fonds en vue de financer la lutte contre la pauvreté en Belgique ».

Action Vivre ensemble finance chaque année environ soixante projets présentés par des associations bruxelloises et wallonnes. Les montants octroyés sont normalement modestes par rapport aux revenus principaux des organisations. Il n’y a pas non plus, de la part de Vivre ensemble, un engagement dans la durée. Même si fréquemment des associations voient l’aide se renouveler. L’action développée par La Rochelle, citée en début d’article, est représentative du type de projets que Vivre ensemble veut soutenir. « Nous cherchons à ce que les projets construisent une démarche participative avec les populations d’exclus, tout en portant en avant une réflexion et une interpellation politiques, affirme Claude Mormon. Nous sommes conscients que toutes les organisations ne réunissent pas les conditions pour y parvenir, mais nous les encourageons toujours à faire un pas de plus dans ce sens ».

Approchant l’exclusion essentiellement en termes de droits, Action Vivre ensemble s’identifie avec tous les groupes de personnes dont les droits (au travail, au logement) sont bafoués, en raison de leurs conditions socio-économiques, de leur origine étrangère, voire de leur condition de femmes. Le fait d’avoir une autre confession religieuse n’empêche en rien d’être soutenu. Cela dit, en termes d’éducation, l’ONG vise d’abord le milieu chrétien : « Nous nous sentons particulièrement responsables dans la sensibilisation de ces fidèles à la dimension de justice contenue dans le message évangélique. Mais lorsqu’il s’agit de toucher les pouvoirs publics ou de soutenir des initiatives de terrain, nous pensons qu’il faut être plus ouverts ».

Les résultats obtenus sont forcément nuancés, conclut Claude Mormon. « La question de la réussite se pose d’ailleurs pour toutes les organisations qui luttent contre la pauvreté. Du point de vue des personnes bénéficiaires, nous notons des progrès : nombre d’entre elles nous disent que c’est grâce à ces projets qu’elles ont retrouvé le goût de la vie sociale, qu’elles se sentent utiles parce qu’elles y collaborent. Mais sur l’ensemble de la société, il n’y a pas que des réussites. La campagne de récolte de fonds de cette année est centrée sur le droit au logement. Or, ce même droit constituait l’objet de notre campagne d’il y a treize ans ! Certes, depuis lors il y a eu l’une ou l’autre avancée ; le droit au logement a même été inscrit dans la Constitution belge. Mais à côté de cela, force est de constater de véritables reculs : aujourd’hui, l’accès au logement est de toute évidence plus difficile qu’il y a treize ans. Est-ce un échec qui nous est imputable ou est-ce celui de toute la société ? ».

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Un commentaire sur “Un ticket pour démarrer”

  1. Céline dit :

    Bonjour,
    Nous avons décidé de supprimer les échanges trop personnalisés en lien avec cet article…
    Mondequibouge.be est un site d’échange de bonnes pratiques et de réflexion autour des enjeux sociaux et environnementaux, et non un forum de discussion touchant à des personnes et faits précis.
    Merci pour votre compréhension,
    Céline
    Pour Mondequibouge.be