Cherche animation pour engagement immédiatReportages

29 mai 2006

Comment « éduquer et modifier les comportements durablement » chez les plus jeunes ? Méthode concluante avec la campagne « Je m’engage pour ma planète » conduite par le CRIE de Villers-la-Ville auprès de 10 classes relais du Brabant Wallon.

7 mars. Ecole communale de Jandrain, un bâtiment préfabriqué où siège une classe relais regroupant trois niveaux (4e à 6e primaire). Maximo Foncéa, animateur au CRIE (Centre Régional d’Initiation à l’Environnement) de Villers, dispose d’une petite heure pour évaluer l’impact de la campagne « Je m’engage pour ma planète ». Verdict ? Même s’il « évalue le projet plus que les élèves », la grande majorité d’entre eux ont respecté ce qu’ils avaient promis : « moins de bonbons avec beaucoup d’emballages » pour Jennifer. Anthony, lui, mange des fruits et légumes « en allant dormir chez sa mamie qui lui demande toujours s’il en veut ». « On constate que les enfants justifient leur engagement seulement maintenant, souligne Maximo. D’abord ils s’engagent, ensuite seulement ils rationalisent. On pense que ce sont nos convictions qui nous poussent à agir. C’est pourtant souvent l’inverse : on agit, puis on justifie notre comportement ». Autre bonne surprise : de nouveaux projets naissent de celui-ci, et les profs s’en sont servis pour ancrer leur cours de morale, de français ou de musique dans la réalité. Comme cette chansonnette « Fais un geste pour ta planète », concoctée dans le cadre du projet et réservée à la fête de fin d’année, mais chantée en exclusivité par les élèves pour finir cette heure d’(auto)évaluation.

4 étapes et 1 engagement

Cinq mois plus tôt. Les mêmes élèves remplissent l’Arbre de l’Engagement, ultime étape de la campagne. Pas uniquement un arbre ornemental pour embellir l’établissement scolaire. Non, l’Arbre de l’Engagement est avant tout l’outil pédagogique utilisé par l’animateur pour « rendre l’acte visible et l’engagement plus ferme ». Au total 15 engagements, du type « utiliser un gobelet pour me laver les dents », « mettre mes déchets dans la bonne poubelle », ont été proposés. « Vous êtes vraiment libre de ne pas vous engager. Mais si vous décidez d’adopter un geste, vous l’inscrivez dans votre carnet, puis vous signez et là c’est irrévocable », annonce Maximo. « Je suis toujours très soulagé lorsqu’un élève me dit qu’il préfère ne pas s’engager, nous confie-t-il, cela m’indique qu’ils se sont réellement sentis libres. C’est très important pour qu’ils se sentent responsabilisés. La signature, elle, fait office de premier comportement minimal, qui enclenchera ensuite plus facilement le comportement désiré, le geste pour la planète. C’est tout bête, mais c’est prouvé. »
Scientifiquement prouvé même, puisque la méthodologie du projet s’appuie sur les pistes tracées par le scientifique Robert-Vincent Joule (1), expert de la « théorie de l’engagement », particulièrement intéressantes pour viser des changements de comportements. Ainsi, au cours de cette journée, les élèves sont passés du « on pourrait » à l’acte, avant de partir porter le projet dans tout le reste de l’école, tels des ambassadeurs.

De l’engouement à l’engagement

Avant cette phase dite « comportementale », trois journées et une succession impressionnante d’animations avaient été prévues pour « préparer le terrain ». Ainsi, après avoir rencontré instituteurs et direction, Maximo est venu une journée dans l’école pour sensibiliser les élèves de la classe relais aux déchets et à l’éco-consommation. Ensuite, une excursion au CRIE de Villers-la-Ville, en pleine forêt, a provoqué un « flash affectif » ainsi qu’« un enracinement dans la nature » pour donner envie de la protéger. « Le moment le plus marquant » révèle l’évaluation.

Pendant cette campagne, les élèves ont ainsi trouvé des justifications internes pour asseoir leur engagement au quotidien. Dans le brouhaha de la cour, entre des lacets à refaire et des écharpes à nouer, l’instit évoque l’Arbre de l’Engagement avec satisfaction dans la mesure où « il responsabilise par un engagement écrit et concret». Jusqu’à la directrice, Brigitte Wauters, qui a aussi apporté sa pierre à l’édifice – ou plutôt sa feuille à l’Arbre – en promettant d’éteindre les lumières quand elle n’en avait plus besoin.

Peut-on manipuler éthiquement ?

Même si cette méthode fonctionne manifestement, une question turlupine cependant certains professionnels de l’éducation : « Il s’agit clairement de manipulation. L’élève est libre mais ressent la pression des pairs et de l’arbre. Ce peut être culpabilisant. L’éthique reposera probablement sur la qualité de l’animateur, garantie ici. Mais n’est-ce pas dangereux ? ». Watzlawick, le père des théories de la communication les plus influentes, après avoir dit « on ne peut pas ne pas communiquer », avait ajouté : « on ne peut pas ne pas manipuler ». Le débat est ouvert.

Hélène Mori,
Article publié dans la revue Symbioses, n°70

(1) Robert-Vincent Joule, spécialiste de la « théorie de l’engagement » est
Directeur de la formation doctorale de psychologie à l’Université de Provence et a publié entre autres le « Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens » et « La soumission librement consentie ».
Il tiendra une conférence sur « La psychologie de l’engagement ou l’art d’obtenir sans imposer« , le 28 juin à 20h à Louvain-La-Neuve. Cette conférence est organisée par le réseau CRIE de la Région wallonne. Inscription obligatoire : O71.879.878 – maximo@crievillers.be). Prix 5€ et 3€ étudiants.

Pour en savoir plus :

2 commentaires sur “Cherche animation pour engagement immédiat”

  1. herradi salah dit :

    la publicité et’un ‘arts decommunication

  2. herradi salah dit :

    je cherche un travaille dans l’animation