Démarche durable au cœur de la commune

18 septembre 2006

Ottignies-Louvain-la-Neuve, une commune qui avance en matière de développement durable. Charte d’engagement, Plan communal, délivrance de labels,… On ne compte plus les initiatives prises sur ces 34 kilomètres carrés de territoire situés en plein coeur du Brabant wallon. Jean-Luc Roland, bourgmestre Ecolo, dévoile la démarche globale de développement durable adoptée par sa commune depuis maintenant six ans.

Votre commune est souvent prise pour exemple en matière d’avancées en développement durable. Comment expliquez-vous ce succès ?

Nous tentons de mettre en œuvre une réelle démarche de développement durable. On a voulu aborder le développement durable dans toute sa complexité, c’est-à-dire dans ses trois dimensions, l’économique, le social et l’environnemental, avec aussi une préoccupation pour la participation. L’ambition de nous engager dans le développement durable figure dans notre programme de mandature, avec nos partenaires CDH et PS. D’emblée, nous voulions agir dans deux directions d’égale importance. La première était de faire en sorte que le développement durable devienne une préoccupation de l’ensemble des services de l’administration. La deuxième était d’enclencher un processus partagé par les acteurs les plus divers et les plus larges sur le territoire communal.

Par quelles initiatives concrètes se sont traduites ces deux intentions ?

Dès le début de la mandature, j’ai proposé aux chefs de services de réfléchir au développement durable. Pour certains services, comme celui de l’état civil et la population, c’était assez difficile. En revanche, pour le service environnement, c’était le plus spontané bien sûr. Un échange de vues et une réflexion se sont développés sur une double thématique : le développement durable et la qualité totale. Ces deux concepts ont des similitudes. On ne peut pas faire une politique de gestion de qualité totale en étant développement non durable. En abordant la thématique de qualité totale, tous les services ne pouvaient que se sentir concernés.
Parallèlement, nous avons désigné une personne responsable du développement durable. Notre but n’était pas de choisir un Monsieur ou une Madame environnement à qui l’on aurait accolé la compétence de développement durable. Nous voulions aborder le développement durable dans toute sa complexité. C’est donc la chef du service des affaires sociales qui a endossé la responsabilité de chef de division avec la compétence de développement durable, pour inciter la prise en compte du développement durable dans tous les services.

Et au niveau des acteurs situés sur le territoire communal, quelle fut votre action ?

Nous avons rédigé une Charte d’engagement, ouverte uniquement aux personnes morales. À ce jour, 130 institutions l’ont signée : l’université, qui est le plus gros employeur sur le territoire communal, une dizaine d’entreprises, les établissements hospitaliers, quasiment toutes les écoles, le réseau associatif,… C’est très diversifié. Il s’agit d’un engagement moral, d’un partenariat de bonne volonté. On ne fait pas la police : une fois l’engagement signé, il n’y a pas de contrôles.
Nous avons également créé un Conseil d’évaluation et de suivi du développement durable (CESDD) composé de 41 personnes : les représentants des 15 conseils consultatifs actifs sur le territoire communal, 10 représentants des personnes morales ayant signé la charte d’engagement, des agents communaux, des experts extérieurs et une représentation de majorité et opposition du conseil communal. Ce CESDD accompagne le processus d’élaboration du Plan communal de développement durable et délivre des labels développement durable à des initiatives qui le méritent.
À ce jour, deux labels ont été attribués. Un pour l’aménagement d’un petit bois situé au milieu de logements sociaux. On a associé les jeunes du quartier et notre Plan communal de développement de la nature pour en faire un lieu visitable, visité, accessible aux personnes à mobilité réduite, agréable à voir et valorisant la biodiversité. Le deuxième label a été attribué au directeur du Complexe sportif de Blocry. Il a mis en place un tableau prospectif en matière de développement durable, présenté régulièrement au conseil d’administration et servant de balise à la gestion. C’est fantastique, non seulement parce que le Complexe sportif de Blocry est le plus grand du Bénélux avec 1 million et demi de visiteurs par an, mais aussi parce que je ne m’attendais pas à ce qu’une initiative de développement durable, qui plus est aussi ambitieuse et stimulante, vienne du milieu du sport.
Le CESDD permet donc aussi d’accompagner l’élaboration du Plan communal de développement durable. Ce Plan a été récemment présenté au Conseil communal pour prise d’acte. Comme on arrive en fin de mandature, je n’ai pas voulu une adoption en bonne et due forme. C’est un outil qui est à disposition de la future majorité. Il est composé de 20 fiches action qui sont 20 propositions d’action en matière de développement durable pour les années à venir.

Qu’en est-il de la participation des acteurs locaux et des citoyens à ce processus ? Se sentent-ils concernés ?

L’implication des acteurs locaux est très variable. Pour l’élaboration du Plan communal de développement durable, par exemple, on a d’abord contacté les acteurs cibles : des conseils consultatifs, des gens actifs dans des associations, des agents communaux, etc. Il y a eu une bonne participation. Il faut dire que le tissu associatif de notre commune est assez intense et dynamique. Mais lors de l’enquête publique, destinée au grand public, la participation était plus restreinte.
Un travail de conscientisation sur ce qu’est le concept de développement durable est encore à réaliser. Les gens se sentent plus mobilisés par l’urbanisme ou la mobilité parce qu’ils voient clairement par quoi ça peut se traduire ici et maintenant, dans quelques mois ou quelques années. Aborder le développement durable dans toute sa richesse reste très abstrait. C’est une œuvre de longue haleine, mais l’attention doit être soutenue par des initiatives stimulantes. Il est possible que la commune révise la manière de faire d’ici quelques années, mais pour le moment, on privilégie l’optique de développement durable dans ses trois dimensions plus la participation.

Les mentalités évoluent-elles du côté des mandataires publics ?

Il y a un intérêt croissant. Ça ne viendrait plus à l’esprit des mandataires publics de se passer d’éco conseillers. Il y a une évolution des mentalités mais aussi des législations. Les communes doivent gérer la problématique de l’environnement : les déchets, l’eau, la nature. En développement durable, c’est un peu semblable, mais il n’y a pas une compétence, une législation. Je suis convaincu que pour enclencher la vitesse supérieure, la Région voire l’Etat fédéral devraient instaurer des « discriminations positives » aux communes qui s’engagent dans un processus de développement durable. La compétence d’une administration communale concerne la vie au quotidien dans toutes ses dimensions. Le développement durable aussi, donc normalement il devrait pouvoir épouser les préoccupations des mandataires publics locaux.

Propos recueillis par Céline Teret

Pour en savoir plus :
Le site de la commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve : www.olln.be

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