De la participation dans l’ErEClés pour comprendre

15 mars 2007

participationQuatre professionnels de l’Education relative à l’Environnement (ErE) réagissent à quelques mots-clés liés à la participation.

Xavier Dallenogare (XD), animateur du projet « Assemblée des jeunes pour l’environnement » de l’asbl GREEN Belgium, un processus démocratique lancé en 2005-2006, qui continue à évoluer.

Lorédana Teroso (LT) de l’asbl Roule ta Bille, centre d’ErE indépendant, où les animateurs sont avant tout militants. Centré sur l’Ecologie, il développe une série d’activités locales tendant à plus d’autonomie, de responsabilisation et d’esprit critique de la part du consommateur.

Gilles Meeus (GM), médiateur à Espace- Environnement Wallonie dont les démarches et les techniques visent la participation citoyenne et la concertation en faveur d’un développement durable.

Benoît Derenne (BD), directeur de la Fondation pour les Générations Futures. Dans la perspective du développement soutenable, la FGF prône le rapprochement entre citoyens de décideurs et vise à aider à la compréhension des enjeux et à la participation de tous, notamment à travers de processus de type « panels de citoyens ».

Participation

XD : « Faire partie d’un groupe (classe, école, quartier, commune, pays, humanité, etc.) et participer à sa vie, son fonctionnement. Agir pour les intérêts du groupe. »

LT : « Pour notre association, la participation c’est avant tout un outil d’information et de sensibilisation, un instrument mobilisateur, un dispositif d’émancipation et plus largement, un complément à la démocratie représentative. Dans nos pratiques professionnelles, il peut être utile de se poser la question de la participation perçue comme moyen ou comme finalité. Est-ce le résultat final qui compte ou le processus lui même ? Cette question m’a souvent aidé pour définir des objectifs et des méthodes, cerner la place de l’animateur dans un projet. Mais le contexte dans lequel elle s’inscrit est aussi important ! S’agit-il d’une participation spontanée, initiée par les citoyens ? D’une participation institutionnelle, proposée par les pouvoirs publics ? Les critères d’investissement et les pratiques seront alors différents. »

GM : « Convivialité, coopération, partage… Participer, c’est prendre part et prendre sa part ! Être soi dans le groupe, prendre sa place, sa charge, sa responsabilité… C’est ensuite construire ensemble, faire société, débattre, négocier et décider. C’est enfin partager les fruits, les acquis, c’est recevoir. »

BD : « La première chose que je ferais en entendant « participation » serait de dresser l’oreille car, sous ce terme, se cachent énormément de choses qui n’en sont pas. Pour la Fondation pour les Générations Futures, il s’agit particulièrement de réussir à développer des outils pour que les citoyens – non-spécialistes, non-militants- puissent s’exprimer autour des grands enjeux de demain. »

Pédagogie active

XD : « Pour participer à la construction de ses connaissances. Pour prendre conscience de son influence positive sur le fonctionnement du groupe. Dans un processus participatif, c’est une méthode cohérente avec l’objectif de faire participer à … »

LT : « Elle implique la présence d’un pédagogue, d’un sujet et d’un apprenant. Certes la pédagogie active nécessite l’utilisation de la participation, mais à la différence qu’elle est peut-être plus dirigée. Le pédagogue invite le public à réagir sur la conception, la réalisation, la gestion et l’évaluation d’un projet autour d’une thématique selon des objectifs et des méthodes qu’il a lui-même établis. Pour moi, la participation s’inscrit davantage dans une dimension politique, au sens
« organisation de la société ». Elle permet peut-être plus facilement d’accepter que la population peut d’elle-même élaborer, organiser et mettre en œuvre des réponses à ses besoins sans entériner une démission des pouvoirs publics ! »

GM : « Pour le pédagogue, la participation sera d’abord une technique pour intéresser l’étudiant, pour renforcer l’apprentissage. C’est un moyen, pas un enjeu. Les « séminaires » et autres « ateliers encadrés » sont venus remplacer (en principe) le cours ex cathedra. Indirectement, les pédagogies nouvelles visent l’autonomisation et la capacitation citoyenne du futur adulte. »

BD : « La démarche de démocratie délibérative est extrêmement active, elle offre la possibilité d’être réellement acteur. Ce sont les participants qui déterminent les éléments essentiels sur lesquels ils ont prise. »

Enjeux démocratiques

XD : « La société n’existe que si chacun a conscience d’en faire partie. Pour fonctionner, elle a besoin de la participation de chacun. L’ErE doit aussi redonner la conscience des potentialités d’actions individuelles et collectives. »

LT : « Ils diffèrent selon le contexte et les personnes. Pour les participants, je dirais qu’il s’agit principalement de se faire entendre et pour ceux qui décident de ne pas se heurter au désintérêt d’une majorité de la population. L’idéal serait de tendre à une rencontre entre l’offre et la demande de participation. Les enjeux devraient être clairement identifiés puisque ce sont les règles qui font que l’on va accepter de se lancer dans un projet de participation ou pas. »

GM : « La démocratie partage le pouvoir, quand ce ne serait que celui de choisir les dirigeants et, si l’étendue du groupe y contraint, les représentants. Mais le pouvoir est toujours tenté par l’infantilisation et la culpabilisation, et le citoyen se réfugie dans cette déresponsabilisation supportable. Les citoyens expriment leur frustration dans le vote anti-démocratique, mais aussi dans les conflits, les « émeutes », qu’on doit prendre comme des demandes de participation. »

BD : « La délibération est l’axe central de la démocratie. L’objectif, à travers cet outil participatif, est de confronter les points de vue des citoyens eux-mêmes après qu’ils aient confronté celui des autres (experts, politiques, institutions, etc.) Entrer en discussion permet de forger son propos. La délibération, processus participatif, fait intervenir les citoyens en amont et non en aval des décisions. Leurs conclusions sont prises en compte avant que les grandes priorités ne soient déterminées par les politiques. »

Difficultés

XD : « L’individualisme et le désinvestissement de l’action et du débat public. La banalisation et la résignation. L’absence, bien souvent, de résultats garantis et immédiats. La gestion de ses priorités et le temps qui manquent souvent entre 1001 activités professionnelles ou privées. »

BD : « La plus grande difficulté consiste à faire comprendre les enjeux et méthodes utilisées par cette démarche novatrice. Beaucoup croient la comprendre, mais utilisent de vieux schémas pour la définir. »

GM : « La participation est très coûteuse… en gratuités ! On n’a pas le temps, pas l’argent, pas d’intérêt, on garde le pouvoir, on réserve son jugement tout-puissant… Elle n’apporte que des bénéfices partagés. Elle est risquée, car elle est manipulable par chacun. Elle met en oeuvre des « valeurs » à revendiquer, à respecter, à viser. »

Stéphanie Moyaert

Article publié dans la Gazette des 11es Rencontres de l’ErE (Education relative à l’Environnement), en mars 2007. Organisées tous les deux ans, ces Rencontres sont l’occasion pour les acteurs de l’ErE de prendre le temps d’échanger, d’apprendre ensemble, de se ressourcer… Plus d’infos sur le site du Réseau IDée

Pour en savoir plus:

  • GREEN Belgium – 02 209 16 36 – www.greenbelgium.org et www.assembleedesjeunes.be
  • Roule ta Bille – 085 61 36 36 – rouletabille@swing.be
  • Espace Environnement – 071 300 300 – www.espace-environnement.be
  • Fondation pour les Générations Futures – 081 22 60 62 – www.fgf.be
  • Deux ouvrages téléchargeables gratuitement sur www.fgf.be:
    - « Panel de citoyens européens en Wallonie
    “ Nos Campagnes, demain en Europe? �? Eléments pour un débat citoyen », Fondation pour les Générations Futures
    - « Le panel de citoyens : Quel Brabant wallon pour demain ? Vade-mecum d´une expérience de participation citoyenne », Fondation pour les Générations Futures

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