Échangeons nos Savoir-FaireGestes pratiques

6 juin 2007

savoirfaireTrois bénévoles, simples citoyens. Une idée : organiser une Foire aux Savoir-Faire pour valoriser tous ces gestes quotidiens qui nous permettent de consommer moins, de se réapproprier les processus de fabrication… Six mois et quelques réunions de préparation plus tard, mille participants butinant de stand en stand, en plein centre commercial de Bruxelles.

Au stand « tricot », un grand gars fait danser périlleusement deux aiguilles entre ses doigts. Des enfants se préparent un milkshake-fraise en pédalant sur la vita-mobile, sur fond de musique de récup’. Les passants sont joyeusement invités à se retrousser les manches pour apprendre à faire un pain, réparer leur vélo, composer des produits d’entretien écologiques, fabriquer un déguisement pour leurs enfants, un boudin anti-froid pour le bas de leur porte… Le 17 juin 2006, sur la Place de la Monnaie, la Foire aux Savoir-Faire réchauffait Bruxelles : ici, pas de long discours, rien à vendre, juste un agréable réveil des capacités et la fierté « de l’avoir fait soi-même ».

Moins de biens, plus de liens

« La démarche a pour but de valoriser la personne pour ce qu’elle est, pour son potentiel de créativité, pour ce qu’elle peut faire et non pour ce qu’elle possède », souligne Damien, l’un des trois organisateurs bénévoles. Une valorisation aussi des savoir-faire traditionnels transmis par l’oral et l’expérience, aujourd’hui souvent relégués par les savoirs scolaires. « On sait tous faire des petits gestes que d’autres ne savent pas faire, mais on ne s’en rend pas compte. Changer le joint du robinet par exemple. Récupérer et transmettre ces savoir-faire, c’est être plus autonome par rapport à une consommation passive courante et toute faite, continue sa collègue Claire Beguin. Nous achetons des produits et des services que nous pourrions sans doute faire nous-mêmes au risque de perdre contact avec notre propre capacité à produire, notre créativité et notre environnement social de proximité ».

savoirfaire2Le projet se veut surtout un plus pour l’environnement, une incitation conviviale à consommer moins et à récupérer. Initiative qui ne culpabilise pas, qui nourrit les liens sociaux dans une relation d’apprentissage entre pairs venus d’horizons très différents. Ici, pas de relation de maître à l’élève, pas de contraintes. Ce sont des passants, des voisins, des jeunes, des vieux, d’ici et d’ailleurs, qui hier s’évitaient et aujourd’hui prennent plaisir à se passer des bons tuyaux.

La Foire aux Savoir-Faire nous emmène également dans une réflexion sur notre rapport au temps, ce temps qui nous manque. L’éprouvante conciliation entre le travail, les enfants, la maison, les loisirs… « Il semble finalement que l’argument “J’achète tout fait parce que je n’ai pas le temps” peut faire place à “je prends plaisir à le faire par moi-même, ce qui me fait économiser de l’argent” », constatent les organisateurs au regard du succès rencontré. De quoi démentir l’adage « le temps c’est de l’argent » tout droit tiré de la société de production et de consommation. Une société de consommation dont les effets néfastes sur l’environnement et la grande majorité des hommes ne sont plus à démontrer. En dématérialisant l’économie, en échangeant du temps contre du temps, des savoirs contre d’autres savoirs, c’est notre mode de vie que nous revisitons, pour davantage de bien-être social et environnemental. La société « durable » gagnera moins d’argent, mais disposera de plus de temps.

Les suites attendues

Suite au succès de la Foire 2006 et aux encouragements des bénévoles de la première heure, l’asbl « La Foire aux Savoir-Faire » est née début décembre. Articulée autour de la réduction de la consommation, de la récupération de déchets, et de la relation de transmission conviviale et joyeuse, elle a pour objectif la promotion et la valorisation des Savoir-Faire. L’association est aujourd’hui forte de 20 membres décidés à s’investir dans le projet à long terme. « On souhaiterait maintenant rallier encore davantage de bénévoles, non plus seulement par le bouche-à-oreille et dans nos réseaux, mais au sein de communautés différentes, de générations différentes », annonce Claire.

L’idée séduit en tout cas déjà au-delà de nos frontières. La sœur d’une des bénévoles développe une Foire aux Savoir-Faire à Romans, en France. Le projet prenant de l’ampleur, les jeunes Bruxellois élaborent actuellement une charte, « pour que ceux qui ont envie d’organiser une Foire aux Savoir-Faire près de chez eux puissent suivre notre philosophie : nous voulons que cela reste gratuit, amateur, en faveur de l’environnement, que cela ne devienne pas une foire de l’artisanat. Il faut que les savoirs transmis soient utiles et que ce soit porté par des particuliers et non par des associations … ». Ces particuliers-là savent où ils vont. Et vous y donnent rendez-vous : Place de la Monnaie, à Bruxelles, le 16 juin prochain, pour la seconde édition.

Christophe Dubois
Article publié dans Symbioses (n°74), le magazine d’Education relative à l’Environnement du Réseau-IDée

Pour en savoir plus :
Le site de la Foire aux Savoir-Faire: www.foiresavoirfaire.org

Un commentaire sur “Échangeons nos Savoir-Faire”

  1. mistiaen dit :

    Bonjour,
    j’ai participé à la foire des savoirs cette année et je vous remercie d’apporter des possibilités citoyennes de cet ordre sur la place publique! je suis en totale harmonie avec la philosophie de votre foire (je travaille moins rénuméré pour vivre autrement, mieux et de façon plus citoyenne et solidaire et pour changer et réduire mes modes de consommation) et je me réjouis d’avoir accès et de créer mes produits!
    bonne continuation
    pascalE