A l’heure du réchauffement climatique, de l’extinction de certaines espèces animales, de l’épuisement des ressources ou encore de la crise alimentaire mondiale, penser autrement et sur du long terme devient inévitable et primordial. Mais, au fait, comment en est-on arrivé là ? Quel comportement doit-on adopter pour changer la donne ? Des questions abordées par « C’est notre Terre ! », une exposition sur le développement durable produite par l’asbl Demeter, qui se tient actuellement à Bruxelles. Monquibouge.be a assisté à l’une des visites guidées réservées aux enseignants et éducateurs.

Mercredi 28 octobre, site de Tour & Taxis, à Bruxelles. 10h. D’étranges horloges humaines figées au milieu de la salle, en guise d’accueil. Une bien drôle de manière d’aborder le développement durable, se disent les enseignants aux mines étonnées. Une petite explication de la part du guide s’impose. « Ces Contemporains de Gloria Frietmann résument au mieux l’exposition, car ils questionnent sur les rapports entre l’Homme et son environnement. En effet, le temps de l’Homme n’est plus celui de la Terre. Le responsable des dérèglements à craindre au niveau de la Terre est l’Homme. Et, pourtant, repose en lui l’espoir de rétablir la situation. D’où l’idée des concepteurs de l’exposition, Tempora, de placer, cette fois-ci, l’Homme au centre des préoccupations. »
L’heure est venue de remonter jusqu’aux temps de la Terre, des hommes, des écosystèmes et des solutions (les quatre étapes de l’expo). Pleins feux sur quelques espaces fascinants de « C’est notre Terre ! ».

Les moments phares

Des empreintes marquées au sol, une fresque préhistorique sur le mur, une reconstitution de Lucy… Une mine d’informations que renferme la pièce maîtresse de cette exposition : la Bibliothèque en sable. Elle relate l’histoire de la Terre au travers de 4 568 volumes. Chacun d’entre eux symbolise plus ou moins un million d’années. De l’extinction des dinosaures à l’évolution des mammifères jusqu’à l’apparition des premiers hommes, les grandes périodes y sont expliquées !

Exit l’histoire de la Terre, direction le supermarché, lieu de consommation par excellence ! Des rayons à la caisse du magasin, il n’y a qu’un pas. Ce qui n’est pas le cas des produits qui parcourent des kilomètres avant d’atterrir dans le caddie. Afin de s’interroger sur les habitudes de consommation, les enseignants sont invités à scanner les étiquettes de différents produits présents dans les rayons. Celles-ci ne révèlent non pas le prix, mais la provenance du poisson ou de la viande et la consommation d’énergie que leur transport a engendré. Une façon amusante d’inciter les visiteurs à consommer des fruits et légumes de saison et locaux. Par contre, aucune indication sur les modes de production de certains produits, comme la quantité d’eau nécessaire à la production d’un morceau de steak, aussi blanc-bleu belge soit-il. Dommage…

La consommation, il en est également question dans « Running the Numbers », l’une des photographies de Chris Jordan. Une représentation artistique et interpellante des 106 000 cannettes bues toutes les trente secondes aux Etats-Unis.

Une fin décevante

Après les explications et les constats, voici les solutions ! Désillusion… Seulement quelques espaces sur la mobilité, la consommation… sont proposés et créés par des agences publicitaires. Faire appel à des agences de pub (et de surcroît faire leur promotion) pour consommer autrement, est-ce réellement adéquat ? A côté de ces espaces, sur des écrans disséminés ça et là, passent en boucle des interviews de personnalités politiques et de grands patrons d’entreprises s’exprimant sur le développement durable. Peu d’enseignants s’y attardent, ils ont dans les jambes une voire deux heures d’exposition ! Une fin qui ne propose que trop peu de pistes pour agir autrement et qui laisse certaines personnes sur leur faim.

Quelques pistes pour les acteurs du secteur éducatif:
- Consultez le catalogue de l’expo (téléchargeable par chapitre sur www.expo-terra.be) avant d’aller la voir une première fois sans les élèves
- Faites appel à un guide en lui demandant d’axer la visite sur telle ou telle thématique
- Prolongez la visite avec vos élèves à l’aide du dossier pédagogique téléchargeable sur www.expo-terra.be et d’autres outils pédagogiques

Des avis partagés

A la sortie de l’exposition, bon nombre d’enseignants ont la mine ravie. L’un d’entre eux explique que « L’exposition est abordable, simple à voir et interactive. Grâce aux visuels, aux œuvres artistiques et autres supports, elle s’adresse à différents publics… Elle permet notamment aux enfants de visualiser. Les panneaux offrent de vraies explications, des informations très intéressantes ». Mais, quelques-uns se disent déçus « L’exposition est superficielle », lance une enseignante du secondaire. « Elle ne soulève pas les problématiques et n’évoque pas tellement le développement durable ».

Et, d’autres comptent revenir à l’exposition, mais cette fois-ci, accompagnés de leurs élèves dans le but de créer des activités en classe sur différents thèmes qu’englobe le développement durable. Un professeur a déjà sa petite idée : « Je voudrais expliquer aux enfants ce qu’est l’effet de serre dans une dimension plus théorique et les conséquences de celle-ci. Et, ensuite, réfléchir avec eux sur la manière dont ils pourraient agir à leur niveau ».

Si quelques bémols sont à souligner (un tour de la Bibliothèque en sable qui prend trop de temps, peu de pistes concrètes pour agir, des espaces pour les enfants peu éducatifs et peu adaptés aux petits…), « C’est notre Terre ! » a le mérite de nous faire réfléchir sur notre mode de vie. Une remise en question qui débute depuis l’apparition de l’Homme jusqu’à notre société actuelle. C’est une exposition interactive qui permet aux adolescents de développer par la suite, des projets ou activités autour du développement durable, et aux adultes de cogiter sur leurs modes de consommation au quotidien.

Ludivine Beumier

Photo du dossier de presse de l’expo :
www.expo-terra.be

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