Crise alimentaire : élémentaire !Clés pour comprendre

19 décembre 2008

Crise alimentaireLes choix de développement et les modèles de politiques menés par les institutions internationales mettent en péril l’autonomie alimentaire des pays du Sud et qui dégradent la planète. La crise actuelle illustre ce problème de façon particulièrement aiguë.

C’est pas notre affaire?

La crise alimentaire subie par les pays du Sud est inacceptable dans notre monde foisonnant de richesses. 1,2 milliard de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour selon le PNUD. Contrairement aux européens qui consacrent en moyenne 15 % de leur revenu pour l’alimentation, les populations des pays en développement utilisent 60 à 80 % de leur revenu pour se nourrir. L’augmentation de près de 50 % des prix des matières premières (blé, riz, maïs), ne leur permet pas d’acheter suffisamment pour vivre.

Concurrence ? Quel avenir pour les cultures vivrières ?

Il faut tout d’abord étudier le contexte de la crise et remonter aux années 80, période de crise de la dette des pays en voie de développement. En guise de réponse, le FMI (Fonds monétaire international) met en place les Plans d’ajustement structurel, avec pour but, notamment, de tourner les économies des pays du Sud vers les cultures d’exportation : coton, cacao, riz, dont les cours mondiaux n’ont cessé de baisser pendant des années. Parallèlement, la production céréalière et protéinée de l’Europe, des Etats Unis, de l’Australie, des pays du Nord en général, conduisent à un excédent de marchandise qui sera constamment bradée sur les marchés désormais ouverts des pays du Sud.

L’agriculture des pays riches vient étouffer les petites agricultures vivrières peu compétitives des pays en voie de développement. Abandonnant les zones rurales, les populations vont grossir les villes, espérant y trouver une nouvelle activité économique.

Dans les années 2000, le monde assiste à l’émergence de nouveaux pays industrialisés : l’Inde, la Chine, le Brésil par exemple. Leur pouvoir d’achat est en pleine augmentation et leur demande en alimentation est désormais capable d’être satisfaite, ce qui constitue un premier facteur d’augmentation des prix (loi de l’offre et de la demande).

Vient ensuite l’explosion de la demande en agro carburants, mais elle représente moins de 5 % de la production végétale mondiale et est essentiellement fournie par les Etats-Unis et le Brésil. En revanche, l’augmentation générale de la consommation de viande se répercute sur la part de calories végétales produites et dédiées à l’alimentation animale, qui atteint aujourd’hui 30 % 3 du total mondial.

Rappelons seulement que la production d’un kilo de calories animales nécessite sept kilos de calories végétales. Ces facteurs conjugués aux aléas climatiques de 2007, nous nous trouvons face à une baisse générale de l’offre, une augmentation de la demande et une crise alimentaire menaçant la vie de plus d’un milliard de personnes.

L’engrenage des causes et conséquences du mal-développement des pays du Sud s’enchaîne ainsi depuis de nombreuses décennies. Les institutions internationales avouent même leur pessimisme quant à la réalisation des OMD.

Lianes Coopération
Article publié dans Le 23, le journal d’expression des associations du réseau MRES – Maison Régionale et de l’Environnement des Solidarités (n°193, automne 2008)

Photo: dessin paru dans le journal de la Confédération paysanne

En savoir plus :

  • Dossier « Regards croisés sur la crise alimentaire » du journal Le 23 (n°193, automne 2008) – MRES. Consultable sur le site www.mres-asso.org

Le commentaires sont fermés.