Parmi les perdants du meilleur des mondes

25 août 2010

A travers huit enquêtes, le journaliste allemand Günter Wallraff se met « dans la peau de ceux qui, dans notre « meilleur des mondes », font de toute évidence partie de la catégorie des perdants ». Endossant l’identité d’un Noir, d’un SDF, d’un apprenti cuisinier pour un restaurant gastronomique, d’un employé d’une boulangerie industrielle ou d’un centre d’appel, ou encore d’un PDG, il raconte ce qu’il voit, ce qu’il vit. Un livre poignant, qui dénonce les injustices de ce monde.

Déguisé en Noir, caméra cachée dans la boutonnière, il révèle les nouveaux visages du racisme. En SDF, il raconte les ravages du chômage et de la précarité. Embauché dans une boulangerie industrielle, il témoigne des conditions de travail épouvantables qui y règnent. En travaillant dans les conditions de pression psychologique permanentes qui règnent dans un call-center, il en vient à devenir un escroc. Il va jusqu’à se mettre dans le rôle d’un dirigeant d’entreprise voulant vendre son affaire et sollicite les conseils d’un cabinet de consultants pour qu’il trouve le meilleur moyen de débarrasser son entreprise des syndicats, histoire de valoriser sa vente auprès de futurs acquéreurs…

Vingt-cinq ans après le succès de son ouvrage « Tête de Turc », qui dénonçait le racisme de la société allemande, le journaliste Günter Wallraff est de retour. Et pour lui, rien n’a changé, que du contraire :
« Lorsque j’ai commencé mon travail, il y a quarante ans, je n’étais pas le seul – peut-être même une majorité parmi nous – à espérer un lent progrès vers plus d’humanité et plus de justice. Si je continue à me battre par mes reportages et mes livres, je suis de plus en plus saisi par le doute. Nous avons subi, ces derniers temps, trop de revers : l’injustice a progressé, les conditions de vie ne sont pas devenues plus humaines, bien au contraire. »

En récit, les huit enquêtes de « Parmi les perdants du meilleur des mondes » relatent les réactions des personnes croisées, partagent des témoignages poignants, racontent les aberrations de notre société, dénoncent les injustices frappantes. Un livre à mettre entre toutes les mains.

« Parmi les perdants du meilleur des mondes », Günter Wallraff, traduit de l’allemand par Olivier Cyran, Marianne Dautrey et Monique Rival), éd. La Découverte, 320 p., 2009. 19€

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