La ferme-incubateur en agriculture urbaine : un modèle à développer !Reportages

25 novembre 2010


Face au modèle de fermes conventionnelles, qui empêche bon nombre de jeunes agriculteurs de s’installer, comment agir ? Comment réagir face à la disparition programmée de fermes qui dessinent notre paysage rural ? Comment favoriser une relève agricole, en particulier pour faire face au vieillissement des agriculteurs ? Une piste avec le projet de ferme-incubateur de l’Ile Bizard, à Montréal. Nouvelle étape de Franck et Joanna autour du monde.

Wooffer, comment ça marche ?
Un agriculteur bio vous accueille gratuitement chez lui, durant quelques jours ou plusieurs mois. De votre côté, vous avez la possibilité de donner de votre temps et participer aux différentes tâches sur la propriété, exploitation (jardin, potager, verger, fleurs, animaux). Un réseau mondial existe : http://www.wwoof.org .

Notre première expérience de Wwoofing (Wwoof veut dire Willing Workers on Organic Farms) dans la banlieue de Montréal nous a permis de découvrir un modèle qui pourrait apporter des réponses aux questions que nous nous posons. Dans ce qui est encore la ville de Montréal, sur l’Île-Bizard, nous sommes allés à la rencontre de la Ferme au Bord du Lac : un incubateur pour jeunes agriculteurs urbains imaginé par deux entrepreneurs sociaux, Benoit (un agronome) et sa femme Danyelle (une sexologue). Un incubateur d’entreprises peut se définir comme « une structure d’accompagnement de projets de création d’entreprises. Il peut apporter un appui en termes d’hébergement, de conseil et de financement, lors des premières étapes de la vie de l’entreprise. Il s’adresse à des sociétés en création et leur propose un ensemble de services adaptés. Des incubateurs existent dans différents secteurs d’activités. Ils peuvent varier selon les services offerts. » (Wikipedia, 2009). Cet incubateur a pour fonction d’aider les jeunes éco-fermiers à démarrer leur activité, en leur fournissant la terre nécessaire et l’équipement que la plupart ne peuvent pas s’offrir en débutant.
Danyelle et Benoit ont eu la chance de pouvoir louer 16 hectares de terre fertile d’une ancienne ferme, inoccupée depuis 10 ans. Ils ont réussi à obtenir des fonds publics pour financer le projet et invité la population locale à les rejoindre comme volontaires pour la vente de fruits et légumes sur le marché hebdomadaire. Ainsi, même si le projet est à son démarrage et n’accueille pas encore de jeunes agriculteurs, il attire beaucoup l’intérêt des médias et du gouvernement : lors de notre présence sur la ferme, Radio Canada est venue interviewer les bénévoles présents (comme nous !), et quelques jours plus tard, des représentants du Ministère de l’Agriculture ont visité la ferme afin de discuter d’une aide financière pour le projet. La Ferme au Bord du Lac a choisi d’être un organisme sans but lucratif, ayant un statut d’entreprise agricole et aussi d’entreprise d’économie sociale.

La vision d’une ferme-incubateur à vocation urbaine

Afin que l’agriculture de demain ne soit pas vidée de l’humain, nous devons aujourd’hui imaginer des solutions qui permettent de favoriser l’arrivée de jeunes dans le métier d’agriculteur. Pour cela, il faut donner envie à une nouvelle génération de s’engager activement dans le monde agricole, et ce n’est pas l’agriculture actuelle qui peut favoriser ce regain d’intérêt. Parmi les jeunes dont les parents sont agriculteurs, peu vous diront qu’ils veulent reprendre le modèle familial de par la difficulté face à l’endettement et à la pression du travail qu’on connut leur parent, pour au final des niveaux de revenus limités.
Comme le propose la Ferme au Bord du Lac, il faut aujourd’hui proposer des solutions innovantes. Un incubateur urbain doit être un outil qui favorise des modèles agricoles innovants tout en apportant du sens aux jeunes qui le porteront demain : promouvoir de saines habitudes de vie dans une perspective de développement durable et de préservation du territoire agricole. Plus tard, les entreprises ainsi crées se doivent d’être rentables et de permettre une qualité de vie suffisante à leurs gestionnaires, tout en relevant le défi de la valorisation des paysages.

L’association « Organicvision pour une société durable » s’est fixée pour objectif de diffuser des connaissances sur la multiplicité des pratiques et des modèles de vie équitable. Pour apporter une impulsion à leur projet, les fondateurs (Joanna et Franck Marion) ont décidé de se lancer dans un voyage autour du monde des initiatives durables depuis le 1er août 2010 à travers un parcours de 12 à 18 mois sur 5 continents, afin de faire découvrir, à travers articles, vidéos et photos : la permaculture, les villes en transition, les éco-villages, l’éco-construction, l’herboristerie, le commerce équitable… et rencontrer les acteurs qui les initient. Toujours à la recherche de partenaires média, de sponsors, de volontaires… ou tout simplement d’idées ou de suggestions, ils vous attendent sur leur site internet www.organicvision.org ou par email info@organicvision.org.

La face urbaine de l’agriculture, plutôt méconnue, a pour vocation de proposer une nouvelle définition du modèle agricole dans son contexte périurbain : développer une interaction dynamique entre la ville et l’agriculture permettrait un premier pas vers une agriculture à forte valeur ajoutée, ayant un rôle supplémentaire de participation à l’aménagement du paysage et au développement de l’agrotourisme.

Un impact positif pour la communauté

Lorsque l’on parle de communauté, on pense en premier lieu aux représentants politiques. Ce type de projet ne peut en effet se développer qu’avec l’appui et la reconnaissance des instances politiques et administratives de la région. Le développement économique de ces nouvelles entreprises agricoles, et en concomitance d’emplois permanents et saisonniers, permettront au projet de débuter un cercle vertueux assurant ainsi le soutien des responsables locaux.
L’incubateur de l’Ile Bizard, de par son cercle vertueux, verra son impact social grandir en apportant un accès à des denrées agricoles de qualité biologique à proximité, l’accueil à la ferme, la possibilité de participer aux travaux, l’aménagement du paysage, l’implication dans différents réseaux sociaux et économiques de la région…et bien d’autres qui se tisseront dans le futur avec l’agrandissement du réseau de contacts.

Un nouveau modèle agricole

Le temps où la vie urbaine et l’agriculture se sont exclues mutuellement comme deux réalités opposées est maintenant terminé. Il est temps d’en finir avec un développement urbain galopant qui exerce encore et toujours une forte pression sur le territoire agricole. On devrait se rappeler que pendant longtemps, ce fût la richesse de la production agricole du territoire local qui a contribué à la prospérité de la ville de manière significative. Désormais, la vision d’une agriculture cohabitant avec la vie urbaine dans le cadre d’une planification adéquate devrait ajouter une nouvelle couleur au développement économique, social et culturel des citoyens. Que débute la coopération entre agriculteurs, et entre ville et campagne !

Franck et Joanna

2 commentaires sur “La ferme-incubateur en agriculture urbaine : un modèle à développer !”

  1. Je travaille presentment a modeliser un nouveau concept de d’agriculture urbain 18 a 20 fermettes dans un parc de 200 acres avec aquaculture. Partage des infrastrutures et des equipements centre de transformation alimentaires integrer au projet. La structure de parcours de Golf etre un point de depart pour imaginer l’amenagement du territoire.

    J’aimerais echanger avec des specialistes qui pourraient me guider dans ce developpement

  2. Anna Samake dit :

    Nous voulons initié une ferme-incubateur au Mali un pays aux grandes potentialités en agriculture. La principale difficulté pour les jeunes à s’installer est l’accès au financement et aux bonnes techniques culturales ou d’élevage. Merci de nous assister dans cette initiative. Nous avons créé un club de business angels également.