La droguerie sociale : des produits d’entretien cinq fois moins chers !Gestes pratiques

25 septembre 2012

La Croix-Rouge anime des ateliers pour apprendre à fabriquer soi-même ses produits d’entretien. Un projet qui combine écologie et économies. Avec la promesse de voir son budget ménage divisé par cinq !

« Je lave tous les jours à l’eau de Javel. Il n’y a pas de samedi, pas de dimanche. Je suis maniaque », confesse Zoulika. « J’en utilise aussi pour nettoyer les clenches des portes », renchérit sa voisine Zaïma. En animateur consciencieux, Luc Swynens a noté quelques mots clés sur son tableau : propreté, poussière, hygiène…

« Aujourd’hui, les fabricants rajoutent de l’eau de Javel dans les produits d’entretien parce que ça fait vendre. Le problème, c’est que les microbes deviennent plus résistants. C’est un peu comme avec les antibiotiques », explique le responsable de la section locale de la Croix-Rouge d’Auderghem. Zoulika hoche la tête avec gravité. Derrière ses sourcils froncés, impossible de deviner si l’argument a fait mouche. Mais visiblement, la question la passionne.

Bon pour la santé, la planète et le portefeuille

Luc et Aline en pleine conférence. La question qui les occupe : l’air est-il plus pollué à l’intérieur ou à l’extérieur de nos maisons ? © Sandrine Warsztacki

Dans le petit local de la chaussée de Wavre, Luc et Aline, une bénévole, accueillent une classe d’alphabétisation de l’association Vie féminine. Ce matin, les huit femmes vont assister à un atelier de cuisine un peu particulier. Ici, le bicarbonate de soude ne sert pas à faire lever la pâte à gâteaux, mais à fabriquer un nettoyant multi-usages. Et l’huile d’olive est utilisée pour astiquer les meubles en bois plutôt que pour assaisonner les salades. « Un ménage dépense en moyenne 250 euros par an pour des produits d’entretien, souvent toxiques. On peut pourtant les remplacer facilement par des produits naturels, disponibles dans le commerce et peu coûteux. Partant de ce constat, nous avons eu l’idée d’organiser des ateliers, pour lesquels nous avons été formés par Ecoconso. C’est un projet qui est à la fois bon pour la santé, pour la planète et pour le portefeuille », résume Luc Swynens, qui se félicite du succès rencontré. Depuis leur lancement, les ateliers ne désemplissent pas. « On n’a rien inventé, on ne fait que remettre à l’honneur ce que nos grand-mères savaient déjà », ajoute-t-il plus modestement.

Produit de vaisselle (recette de l’atelier de la Croix-Rouge)
Ingrédients :
– 1 cuillère à soupe de cristaux de soude
– 150 ml de savon liquide, ou base lavante, neutre
– 1 cuillère à soupe de sel
– Quelques gouttes d’huile essentielle de citron, pin ou menthe
Matériel :
Un flacon recyclable de 500 ml et un entonnoir
Procédé :
Versez le savon liquide neutre dans le flacon.Incorporez les cristaux de soude, préalablement dissous dans un peu d’eau chaude.Ajoutez le sel, également dissous dans un peu d’eau chaude.Agitez doucement.
L’astuce :
Vendues dans les magasins bio et les drogueries, les bases lavantes peuvent être remplacées par du savon de Marseille liquide ou un peu de produit de vaisselle écologique.

Autre aspect du projet, les participants peuvent se procurer les ingrédients pour fabriquer leurs produits de nettoyage auprès de la Croix-Rouge, qui les achète en vrac afin de pouvoir les revendre à bas prix aux familles précarisées. Le principe de l’épicerie sociale transposé à la droguerie.

Changer son balai d’épaule

Malika a apporté ses produits d’entretien avec elle. Elle les trouve efficaces et n’est pas tellement sûre de vouloir en changer. « Les gens pensent que le linge doit absolument sentir bon pour être propre et qu’un produit de vaisselle doit forcément mousser pour dégraisser, regrette Luc, qui consacre une partie de l’atelier à décrypter les étiquettes. Les produits d’entretien contiennent beaucoup de composants inutiles. Il y a des parfums synthétiques, des conservateurs, des azurants optiques, qui réfléchissent la lumière pour donner une illusion de blancheur, des adjuvants pour garder les composants des liquides toujours mélangés quand il suffirait de secouer la bouteille… Ça prend de la place dans le bidon, ça pollue, c’est dangereux pour la santé, et ça coûte cher. Mais ça ne nettoie pas », soupire l’animateur, en brandissant une des bouteilles de Malika.

« Bon, on les essaie, ces produits naturels ? », lance une autre participante, visiblement impatiente de passer à la pratique. Aline distribue les becs verseurs et les entonnoirs pendant que Luc donne les consignes : mélanger une poignée de cristaux de soude, une cuillère à soupe de sel, quelques gouttes d’huiles essentielles… Des odeurs de citron et d’eucalyptus commencent à flotter dans l’air. « Ça donne envie de faire la vaisselle », s’enthousiasme Zoulika.

Si les recettes sont faciles à suivre, le plus dur, semble-t-il, reste de changer les habitudes. « Un ménage écologique est un ménage qui doit être régulier, commente Luc. Le message véhiculé dans les pubs pose problème. On nous montre des salles de bains dans des états innommables qui, grâce à quelques gouttes d’un produit miracle, deviennent étincelantes sans rien faire. Les produits maison ne sont pas des produits pour décaper, mais pour entretenir », insiste-t-il. Monsieur Propre, avec ses biscoteaux gonflés au marketing, n’a qu’à bien se tenir !

Les avantages des produits faits maison

Eco-efficacité, powered by nature, au bio-alcool… L’environnement est un bon slogan pour vendre des produits ménagers. Cette année, la campagne d’écoconso intitulée « Les produits d’entretien sous la loupe » cible le greenwashing. Pour Sylvie Wallez, chargée de mission, seuls les produits faits maison sont véritablement inoffensifs pour l’homme et pour l’environnement. Elle nous livre quelques conseils.

Lessive liquide (recette de la revue Remue-ménage, à télécharger sur www.ecoconso.be)
Ingrédients :
– 2 litres d’eau
– 2 poignées de cristaux de soude
– Un morceau de savon de Marseille (de quoi râper deux poignées)
– 5 gouttes d’huile essentielle de lavande
Procédé :
Râpez le savon en copeaux.
Dans un seau, versez les cristaux de soude et les deux poignées de savon en copeaux.
Ajoutez 2 litres d’eau bouillante et mixez.
Ajoutez 2 litres d’eau froide et l’huile essentielle.
Utilisez 15 cl par lessive, sans prélavage.
L’astuce :
Frotter les taches de graisse au préalable avec de la terre de Sommières ou de l’argile, les taches de transpiration et de fruits avec de l’eau vinaigrée, le thé avec du jus de citron… les bons vieux « trucs de grand-mères » pour détacher ne manquent pas et sont souvent efficaces.

Trouve-t-on facilement les ingrédients pour fabriquer ses produits d’entretien ?
La plupart du temps, on les a déjà dans nos armoires sans le savoir ! Il faut recourir à un nombre restreint d’ingrédients de base, qui soient polyvalents : du bicarbonate de soude, du savon noir, des cristaux de soude, du sel, du vinaigre…

Peut-on se dispenser des produits chimiques, sans passer son temps à récurer ?
Oui, à condition d’avoir la bonne méthode. On laissera agir les produits plus longtemps, mais pendant ce temps on fera autre chose. Et puis un ménage écologique, c’est d’abord un ménage qui est fait de manière préventive. Si on nettoie régulièrement, plus besoin de ces produits soi-disant miracles, et surtout toxiques, vendus dans le commerce.

La toile fourmille de blogs pour fabriquer ses produits d’entretien : est-ce une bonne source d’info ?
Souvent les gens qui ont testé les recettes sur le web sont déçus. Parce que faire un ménage de manière écologique, ça ne marche que si en même temps on change ses habitudes.

Une astuce personnelle à partager ?
Pour laver les surfaces, je commence par mettre un peu de savon noir sur une éponge pour dégraisser. Après j’applique du bicarbonate sur mon éponge et je repasse pour l’effet abrasif. Je termine avec du vinaigre pour faire briller. C’est super efficace !

Et si on tient absolument à acheter des produits d’entretien tout préparés ?
On choisira de préférence des produits labélisés. Dans les grandes surfaces, on trouve Ecolabel et Ecocert. Ecogarantie ou Nature et Progrès appliquent un cahier des charges plus strict, mais on ne les trouve qu’en magasin bio.

Sandrine Warsztacki
Article publié dans Imagine demain le monde (n°92, juillet-août 2012)

En pratique :

  • Des ateliers sont organisés à la Croix-Rouge d’Auderghem, de Mariemont, et bientôt à Malmedy et Arlon. Si la Croix-Rouge a pour objet d’aider les moins nantis, par souci de mixité sociale, les ateliers sont aussi ouverts au grand public. Infos et inscriptions : www.croixrougeauderghem.be
  • écoconso organise sur mesure, pour les associations ou les groupes de particuliers autoconstitués, un programme de formation consacré à l’entretien écologique avec, selon les besoins : atelier de fabrication, visites de supermarchés, etc. Contact : 081 73 07 30 – info@ecoconso.be – www.ecoconso.be

2 commentaires sur “La droguerie sociale : des produits d’entretien cinq fois moins chers !”

  1. Parfums dit :

    Je trouve que c’est une excellente initiative de la part de la Croix-Rouge!

    Ma grand-mère utilisait toujours du vinaigre du cidre de partout, surtout pour nettoyer. Idem avec le Coca-cola qu’elle achetait exprès comme  »produit d’entretien »! Comme quoi…

  2. Céline dit :

    Vous cherchez des recettes pour faire vos produits d’entretien vous-mêmes, voici quelques pistes:
    - la rubrique « Produits d’entretien » du site ecoconso: http://www.ecoconso.be/-Produits-d-entretien-
    - les recettes de la Foire au Savoir-Faire: http://foiresavoirfaire.org/spip.php?rubrique4
    - le site de Raffa – Le Grand ménage: http://raffa.grandmenage.info
    et son livret gratuit à télécharger : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/07/93/58/livret/version-ecran-hln.pdf