Nos vêtements usagés collectés par des piratesClés pour comprendre

22 novembre 2013

A Liège: bulles à vêtements relookées

Nous donnons chacun à Oxfam, à Terre, aux Petits Riens, aux autres entreprises d’économie sociale 5 kilos de vêtements par an en Wallonie et à Bruxelles. La collecte, le tri, la réutilisation et le recyclage de ces textiles donnent du travail à 612 personnes et une formation à 414 autres personnes. L’asbl « Ressources » fédère ces acteurs de la récup’. Elle espère exploser ses chiffres lors de la semaine de sa grande collecte de novembre. Car on enregistre une baisse, due à la crise, et à l’apparition de collecteurs pirates !

A la gare des Guillemins à Liège, rue Neuve à Bruxelles, ou encore au parc commercial des Dauphins à Mouscron, vous avez peut-être vu cette avant-dernière semaine de novembre 2013 ces boîtes peintes et relookées de collecte de textiles usagé. Cette opération de sensibilisation du grand public par la fédération « Ressources » fonctionne bien. L’association a pour objectif d’offrir un emploi durable à des personnes peu qualifiées et de développer des projets de solidarité, tel que, par exemple, un soutien aux sans-abri, aux familles défavorisées.

Du vélo à l’électroménager: outre la filière textile, « Ressources » regroupe d’autres acteurs de la récupération. Son site Internet renseigne les plus proches adresses pour le don et l’achat. Cela représente 4.600 personnes mises à l’emploi, 63 associations, 200 magasins de seconde main, 50.000 tonnes revalorisées par an (23.500 rien que pour la filière textile). Ces autres filières : encombrants, électroménager, informatique, matériaux de construction, livres, déchets verts, vélos, cartouches d’encre, bois, PMC/papiers/cartons.

« On collecte toute l’année, explique Arabelle Rasse, chargée de communication, avec, en moyenne, 400 tonnes/semaine. Lors de notre opération de grande collecte de vêtements, ça augmente toujours. Nous avions ainsi récolté 507 tonnes sur une semaine en novembre 2012. On espère plus, et en tout cas autant, en 2013 ! »

3360 bulles de collecte

3360 bulles de collecte de textile et certains des 115 magasins de revente du réseau accueillent toute l’année les dons de textiles en Wallonie et à Bruxelles.

Des collecteurs pirates profitent de l’emballement du marché. « Ressources » et la police de l’environnement ont identifié une quarantaine de collectes illégales en porte-à-porte en 2013 et une centaine de bulles non autorisées. « Le marché international des textiles usagés s’est emballé, explique Arabelle Rasse.  Les pays africains, par exemple, se détournent  du low-cost asiatique fabriqué pour eux, de mauvaise qualité, et reviennent vers le marché européen de seconde main. »

Les membres de « Ressources » sont  également confrontés à la concurrence d’acteurs comme Curitas S.A. ou Recytex.

« Leur démarche est commerciale, nous, nous sommes dans le don, explique Arabelle Rasse. Nous faisons aussi vivre des entreprises d’économie sociale. »

Un label Solid’R

En fait, ce n’est pas compliqué de repérer les boîtes et les bulles de « Ressources ». Elles sont frappées du label Solid’R.

100 adresses pour les matériaux de construction: Rotor, un collectif composé notamment d’architectes et d’ingénieur, a recensé en Belgique les revendeurs de matériaux de construction de réemploi. Ce travail a pris deux ans. Pour l’instant, pas de label, et pas d’économie sociale, comme chez « Ressources ». Mais l’initiative a le mérite d’exister. Sur www.opalis.be, on peut, notamment, trouver des pavés, des poutres en bois, en acier, des portes, des fenêtres, des pierres de taille, des briques, des tuiles, des planches, des panneaux en bois, du carrelage, des sanitaires.

Celui-ci impose à ses membres des principes éthiques (transparence, répartition équitable des revenus), des objectifs solidaires (valorisation d’emplois peu qualifiés, lutte contre la pauvreté), des contrôles réguliers et certifiés par un organisme indépendant (Ethibel).

Quant aux collectes en porte en porte de textiles ou le placement de sacs vides (à remplir)   dans les boîtes aux lettres, il faut savoir qu’elles sont interdites. Donc, si on sonne chez vous pour des vêtements, ce n’est pas pour « Ressources » !

« Ressources » ne dispose pas de chiffres concernant les quantités totales collectées ailleurs. On sait juste que, chaque année, de nos armoires, partent 5 kilos de textiles vers son réseau. 5 autres kilos sont distribués ailleurs.

Mais le « gisement » est plus important. En moyenne, nous  achetons 23 kilos de textiles (vêtements, draps, rideaux, chaussures, etc.) par personne et par an. Et 30 % du contenu de nos garde-robes n’en est pas sorti depuis deux ans…

Marc Litt

En savoir plus :
www.res-sources.be

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