Goupil le renard conte ses aventures devant les portes de l’Armoire Magique. Alors qu’il jouait en forêt, il s’est cogné la tête et retrouvé là, de l’autre côté de ces deux grandes portes en bois, dans le monde des humains. Face à lui, une dizaine de chérubins l’écoutent, médusés, un bonnet à l’effigie d’un animal vissé sur leur petite tête. Voici venu le moment d’entrer dans l’Armoire Magique, pour découvrir la forêt qui s’y cache. Les enfants se lèvent, certain·e·s foncent alors que d’autres hésitent. « J’ai peur des loups », murmure l’un. « Et moi, des araignées », glisse l’autre. « Venez près de moi et tenez moi la main, nous allons entrer ensemble », les rassure Goupil, qui n’est autre que l’une des animatrices du Baluchon. De l’autre côté, c’est l’émerveillement. Les « Waouh ! » explosent de toute part. Un espace de jeux en intérieur s’ouvre aux enfants. Vite, ils courent, puis crapahutent, grimpent, se hissent, se glissent dans les coins et recoins. Toupie les invite à l’accompagner dans le terrier, un long et étroit tunnel habillé de tissus opaques. « Il fait trop noir là-dedans, j’ai trop peur. » Une fois encore, Toupie rassure : « Je vous accompagne ». Après deux tours ensemble, les enfants s’y engouffrent seuls, avec amusement.
Plus tard, les enfants font de même, mais en extérieur, cette fois, dans la « vraie » forêt qui s’étale aux pieds des terrils carolos. A l’orée du bois, Toupie les invite à maquiller leurs joues d’un peu de boue et à se parfumer d’herbes. Une manière d’entrer en connexion avec la nature, d’impulser la rencontre affective et sensorielle. Ensuite, en fonction des saisons, ils découvrent avec Goupil ce que la nature a à leur offrir. Ramasser quelques fruits secs et, parfois, les gouter. Fabriquer un « doudou » en terre glaise à offrir à un arbre, pour lui tenir compagnie une fois la nuit tombée. Observer l’entrée d’un terrier, un vrai cette fois, et imaginer les tunnels qui se dessinent sous leurs pieds. Monter sur la petite bute et la dévaler aussi sec. Vivre la nature, pleinement. Progressivement, et comme dans l’Armoire Magique, un lien affectif se tisse entre les enfants et ce lieu magique, entre les enfants et la nature.
« Dans l’Armoire Magique, comme en forêt, les émotions vécues varient, en fonction des enfants, de leur âge… mais il y a toujours beaucoup d’émerveillement et de joie, explique Marie Adam, responsable pédagogique au Baluchon. C’est pour eux l’occasion de découvrir, de sentir, de voir, d’observer, d’expérimenter… et de s’amuser. On constate que, de manière générale, les enfants sont de moins en moins au contact de la nature et vont peu en forêt. Du coup, une fois qu’ils y entrent, certains explosent et courent partout, c’est comme une libération de joie. D’autres ont peur et il faut y aller progressivement. Dans tous les cas, le lien créé entre les enfants et le personnage endossé par l’animatrice joue beaucoup. On rassure, on accompagne les émotions vécues. »
Céline Teret
Article rédigé dans le cadre du dossier « Quelle place pour les émotions? » du magazine d’éducation à l’environnement SYMBIOSES (n°120, automne 2018)
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