En prison, les femmes sont moins nombreuses que les hommes : elles ne représentent que 4,33 % de la population carcérale totale en Belgique. Les structures pour les accueillir sont donc moins nombreuses. Le territoire ne compte que neuf prisons (sur trente-cinq) pouvant accueillir des femmes et une seule qui leur soit exclusivement dédiée, celle de Berkendael.
Les femmes détenues (elles étaient 439 au 1er janvier 2017) sont victimes d’une double marginalisation : en tant que femmes, elles souffrent d’inégalités et de stéréotypes ; en tant que détenues, elles sont stigmatisées dans la société.
Même s’il est faible, le nombre de femmes en prison augmente beaucoup plus vite que la capacité des structures pénitentiaires. Cela entraîne une surpopulation qui compromet gravement le bien-être des détenues car elle réduit leurs activités, diminue la qualité des soins médicaux, renforce l’insécurité au sein des structures et accroît la violence entre les personnes.
La loi prévoit qu’en cas de surpopulation, une mesure de libération anticipée ou de semi-détention doit être proposée aux détenu•es. Malheureusement, cette offre est rarement faite aux femmes en raison du manque de possibilité d’hébergement et de réinsertion hors les murs : ni famille, ni centre d’hébergement aptes à les accueillir.
Concernant les activités proposées aux femmes dans les prisons, l’offre se limite souvent à des ateliers « genrés » (stéréotypés), comme la couture ou l’artisanat. Selon les directions d’établissement, le nombre de participantes serait trop faible pour accéder aux demandes spécifiques d’ateliers, d’activités et de formations.
Solitude
Le manque de prisons pouvant accueillir des femmes sur le territoire fait qu’elles sont souvent incarcérées loin de chez elles, ce qui les coupe de leur famille et de leurs proches.
Une autre inégalité dont sont victimes les femmes détenues est l’isolement dû à la délocalisation. Comme il y a trop peu de prisons pour les accueillir, elles se retrouvent la plupart du temps loin de leur famille et de leurs amis, ces derniers étant souvent leur seule ressource au niveau social. Les échanges avec leur entourage sont limités voire absents.
Les femmes incarcérées constituent un groupe ayant des besoins spécifiques différents de la gent masculine. Or, les règles, les structures et les normes d’installation en prison sont basées sur les besoins et les réalités de détenus masculins. Dans le kit d’arrivée d’une femme en prison, on trouve, par exemple : un rouleau de papier toilette, une serviette hygiénique par personne et par jour. Très souvent, les serviettes sont de mauvaise qualité ce qui cause des problèmes de santé. Si les détenues veulent un équipement de meilleure qualité, elles doivent l’acheter.
Ces conditions de vie doivent nous interpeller et nous faire réagir. Car si ces femmes sont privées de leur liberté, elles ne peuvent pas être privées de leurs droits.
Vanessa Kasongo
Article publié dans le numéro 851 de Plein Soleil (mars 2020), la revue de l’ACRF – Femmes en milieu rural