Aux Capucines, on casse les prixReportages

19 octobre 2003

Il y a cinq ans, l’unique supermarché bon marché des Marolles fermait ses portes. Un drame pour les habitants les plus démunis de ce quartier populaire bruxellois. Mais, depuis le printemps dernier, à l’initiative d’une association et de quelques distributeurs, l’ouverture d’une supérette sociale a redonné espoir à ces populations en difficulté. Zoom sur un projet qui pourrait bien faire école.

A ma gauche, bien alignés sur des rayonnages, des paquets de café, de céréales, des pots de confiture ou de sirop de Liège. A ma droite, du sucre, de la farine, des olives voisinent avec des cacahuètes, de la feta, des fruits au sirop ; un peu plus loin, des petits pots pour bébé, des couches-culottes, des paquets de lessive. « Ce qu’on trouve ici, c’est aussi bien que dans un magasin « normal » ; mais la différence c’est le prix », explique Sophie en poussant son caddie. Ici, c’est la supérette sociale Les Capucines, nichée dans une arrière-cour du quartier des Marolles. Et en effet, le passage à la caisse n’a rien du coup de bambou: 80 % de rabais par rapport aux prix normaux. Evidemment, de telles ristournes sont réservées à une clientèle pour qui les fins de mois sont difficiles. « Il y a une condition de revenu pour accéder au magasin, explique Caroline Debelle, coordinatrice du projet au sein de l’association Centre marollien de formation par le travail (CMFT). Le plafond correspond au Revenu d’intégration plus 10 % ; mais les assistants sociaux qui suivent les personnes ont une certaine marge de manœuvre : lorsqu’ils estiment par exemple qu’une personne, bien que salariée, ne peut manger à la fin du mois ; ça arrive avec de petits salaires quand la famille est nombreuse Il y a un grand mélange de personnes dans ce magasin, tant au niveau des nationalités que des âges ou des situations (personnes sans papiers, surendettées, au chômage, minimexées). On n’obtient pas non plus sa carte d’accès ad vitam aeternam : elle est valable 6 mois, renouvelable 1 ou 2 fois. On ne veut pas créer un réflexe d’assistanat et puis, il faut que tout ceux qui en ont besoin puisse à leur tour profiter de ce service. Dans la même idée de partage, le système prévoit aussi un montant hebdomadaire maximum d’achat, fixé à 4 € (soit l’équivalent de 20 € sans la réduction) par adulte et 3 € par enfant. »

Rien que des produits de qualité

Après 4 mois d’ouverture à raison de 2 jours par semaine, plus de 90 familles fréquentent la supérette Les Capucines. Un franc succès qui n’est pas sans réjouir Caroline Debelle et les partenaires du projet. Carrefour en tête, puisque le géant de la distribution est impliqué depuis les prémices de cette initiative. Dès le départ, après avoir été contactés par le CMFT, ils ont répondu présent en offrant des rayonnages et des frigos surgélateurs. Depuis l’ouverture des Capucines en mars dernier, ils fournissent une grande partie des produits, des articles ayant servi d’illustration pour les dépliants publicitaires ou dont l’emballage de transport a été endommagé ; en aucun cas, des produits impropres à la vente. Pour Carrefour Belgium, ce type de projet s’inscrit dans le cadre de la politique de solidarité du groupe, qui verse déjà des dons aux Banques alimentaires et aux Restos du cœur. L’approvisionnement de la supérette des Marolles est également assurée par Ben Fresh pour les fruits et légumes frais, par PAB Blédina pour les produits pour enfants et par Algi (une société de Wavre) pour des préparations alimentaires sous vide.

Le prix de la liberté

« Nous sommes clients de tous nos fournisseurs, précise Caroline Debelle. Nous leur achetons les produits à 10 % de leur prix normal et les revendons au magasin à 20 % du prix pour couvrir nos frais de fonctionnement. Cela nous permet d’être libres dans nos choix quant aux produits à recevoir. C’est pour la même raison que les gens qui viennent à la supérette payent une partie du prix de leurs emplettes. Ils achètent ce qu’ils veulent, personne ne contrôle leurs choix ; par ailleurs, ce système respecte leur dignité puisqu’ils demeurent des clients à part entière. En outre, avec ce système, plus qu’avec les dons de colis alimentaires, les gens se responsabilisent. On espère les aider à trouver les solutions à leurs problèmes qui leur sont propres. Pendant un temps, leur pouvoir d’achat est multiplié par 5 ; ça peut leur permettre de régler des dettes, de payer un minerval pour un enfant, etc. ; on essaye de lier l’accès au magasin à un objectif social ; c’est le rôle des assistants sociaux de travailler avec eux dans ce sens. »

Pénurie dans le secteur de la distribution

Mais l’objectif de la supérette sociale des Marolles ne se cantonne pas à fournir des produits de qualité à très bas prix aux démunis du quartier. En parallèle, le projet entend mener à bien une mission d’insertion professionnelle. En effet, dès septembre prochain, l’épicerie sociale deviendra aussi un centre de formation par le travail pour demandeurs d’emploi peu qualifiés. « Lors de l’étude de faisabilité du projet d’épicerie, on avait constaté une pénurie de main d’œuvre dans le domaine de la distribution, raconte Caroline Debelle. Nous souhaitons donc former ici des caissiers, magasiniers et vendeurs pour répondre à cette demande. Nos « sponsors distributeurs» se sont déjà positionnés pour l’accueil et la formation des stagiaires lors de leur stage pratique ainsi que pour leur mise à l’emploi. ». Et le CMFT rêve de faire grandir encore le projet en intensifiant le rôle de l’épicerie pour recréer des liens sociaux et enrayer la solitude de certaines personnes marginalisées. « On aimerait développer des groupes d’échanges de recettes et de spécialités culinaires, ainsi que des ateliers d’éducation à la santé et à la gestion d’un budget. Mais pour cela, il nous faudrait une animatrice », explique la coordinatrice. Du côté de Carrefour aussi on regarde vers l’avenir, avec des projets pour étendre ce type de partenariat à d’autres associations.

3 commentaires sur “Aux Capucines, on casse les prix”

  1. taheri dit :

    Bonjour
    c’est possible de s’inscrire si oui comment fait on ?
    puis je avoir les details sur mon adresse mail svp
    Merci
    Assia

  2. vanina dit :

    Bonjour,

    L’accès à la supérette sociale les Capucines n’est pas accessible à tout le monde.
    Elle est réservée aux usagers de certains services sociaux (19 services sociaux situés en Région bruxelloise).
    Chaque service social peut délivrer un nombre limité d’attestations.
    Ce sont donc les services sociaux qui délivrent, quand ils l’estiment nécessaire, les autorisations qui permettront aux familles de bénéficier d’une carte d’accès à la supérette. Cette carte est valable entre 1 et 6 mois.

  3. Hayat dit :

    Bonjour, J’aurai aimer savoir quel est le montant des revenus a ne pas dépasser pour pouvoir benéficier de votre service? Merci

    Hayat