Besoin d’argent?Clés pour comprendreReportages

20 octobre 2003

Le rêve ne s’achète pas, ou alors il est tellement cher qu’il devient cauchemar, c’est le cas pour 400 000 Belges surendettés. Comment en sont-ils arrivés là? Pourquoi? Comment s’en sortir?

Philippe est surendetté . Il en a payé le prix plein : celui de sa dignité, de son logement, d’une partie de ses proches. Assis sur un banc, à l’ombre des gargantuesques logements sociaux grisâtres de Bruxelles centre, il nous raconte sa descente aux enfers. Il dormait parfois à deux pas d’ici, dans l’abri de nuit « Pierres d’angle », à l’époque toute proche où il était encore sans-abri. « Quand tu es indépendant, que tu tombes en faillite, que t’as des problèmes de santé et que tu deviens veuf, ça te met à genoux. Et c’est pas facile d’en sortir ». Aujourd’hui, ce quadragénaire grisonnant a rencontré son ange, Geneviève. Artiste, elle dessinait des feuilles de lierre lorsqu’il est passé par là. Lui se faisait alors appelé « le poète » par les copains de la rue. La belle l’a pris sous son aile. Éclaircie annoncée. Mais lorsque le moral remonte, le passif passé l’accompagne. « J’ai des engagements financiers qui refont surface, mais de toute façon on ne peut pas me saisir tant que je reste en dessous de 36 000 francs (900 € ). Je m’en satisferai, là je suis à 24 500 (613 €) ». Actuellement, Philippe se trouve dans une procédure d’apurement de ses dettes : on lui prélève une somme fixe tous les mois sur son chômage. Son problème devrait pouvoir se résoudre en fin d’année, s’il n’y a pas de ralentissements ou de coups durs.

Cette procédure ne remboursera cependant pas sa dizaine d’amendes de train, accumulée le plus souvent pour remplir ses obligations administratives. « J’ai du aller chercher des papiers à Arlon. Si j’avais pu payer, ça m’aurait coûté 40€ aller-retour . Comme je ne peux pas, je fraude. En début d’année, j’ai eu une convocation du médecin-conseil, à Mons. J’ai demandé un réquisitoire au CPAS qu’on m’a refusé. J’ai ma mutuelle à Namur Je monte dans le train, je signale au contrôleur que je n’ai pas d’argent et on me fait un ticket provisoire avec des frais administratifs que je ne paye pas ! C’est comme une révolte. J’ai le chômage, des frais à couvrir en médicaments (environ 120 Euros/mois) et un problème de surendettement »

La faute à qui?

Le cas de Philippe, s’il semble extrême, n’est pas isolé. Les chiffres sont éloquents : en Belgique, une personne majeure sur vingt est surendettée. Toutes n’atterrissent pas dans la rue , mais la plupart ont ce même sentiment de perte d’identité, de honte et de culpabilité. Le plus souvent – mais pas toujours – elles sont peu scolarisées, chômeurs ou isolées. Alors tiraillées entre des besoins de consommation sans cesse croissants et un revenu trop bas, elles se sont laissé séduire par les sirènes toujours plus fortes du marché du crédit.

La faute à qui, à quoi ? S’il peut y avoir responsabilité individuelle, des accidents inévitables, notre société de surconsommation ne facilite évidemment pas les choses. Nous sommes sans cesse pressés à acheter, l’essentiel comme le superflu, selon des normes sociales de consommation en perpétuelle élévation – le luxe d’il y a vingt ans est une nécessité aujourd’hui. Si cela participe à notre confort, si nous sommes preneurs de par notre nature ou notre culture, si des publicités trop bien pensées nous le suggèrent sans cesse, là encore les plus faibles revenus sont les plus exposés. Quitte à renforcer les inégalités sociales. Selon Nadine Fraselle, directrice de l’Observatoire du Crédit et de l’Endettement, dans la revue L’observatoire n°35, « les ménages à faibles revenus n’ont d’autre choix que de souscrire des engagements coûteux et à risques : cartes de crédit liées à la grande distribution, découvert bancaire permanent, souscription à des publicités personnalisées ». Et lorsque les recours au crédit se multiplient, pour le mariage du petit dernier, pour la voiture, pour la télé, pour l’opération de papa, qu’ils dépassent la capacité de remboursement, l’engrenage s’emballe. La spirale s’accélère : factures en retard, mises en demeures, huissiers de justice, menaces de saisie, nouveaux crédits pour rembourser les anciens… Le tout accompagné de probables difficultés familiales et d’un isolement progressif.

Les mesures de lutte

Pour lutter contre l’endettement, de manière préventive ou curative, une série de mesures et d’organismes ont été mis en place. Lorsque l’on est déjà surendetté, les procédures curatives les plus connues et répandues sont le règlement collectif de dettes et la médiation de dettes. Au rang des nouveautés, le législateur sous l’impulsion du Ministre Charles Picqué a mis en place une Centrale positive de crédits aux particuliers, opérationnelle depuis le 1er juin 2003. Depuis 1987, la Banque nationale (BNB) gérait une Centrale des crédits aux particuliers qui ne recensait que les retards de paiements, on la disait alors « négative ». Dorénavant non seulement les retards de paiements, mais aussi tous les crédits à la consommation et les crédits hypothécaires seront enregistrés à la BNB. Lorsque cette banque de données sera complétée, les fournisseurs de crédits seront forcément en position d’évaluer la solvabilité de tout demandeur. Avant de consentir un nouveau crédit, ils doivent consulter la centrale des crédits, sous peine de devoir supporter les conséquences financières de crédits impayés parce qu’impayables. Cette mesure vise donc à éviter le crédit de trop. En réponse aux inquiétudes quant à la protection de la vie privée, divers gardes-fous ont été mis en place et satisfont pleinement les différentes organisations de protection des consommateurs.

L’une des difficultés rencontrées par les personnes endettées est également de se retrouver exclues des services bancaires. Imaginez votre vie si vous deviez tout payer en espèces sonnantes et trébuchantes. Diverses propositions de lois ont donc été déposées pour proposer la création d’un « compte social » et d’un « service bancaire de base » . Elles ne sont pas encore d’application. Une formule de crédit social est également en test.

Toujours parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir, et qu’informer ne suffit pas toujours pour amener une réelle prise de conscience, le Ministre régional des Affaires sociales Thierry Detienne a mis en place des Ecoles de consommateurs . Elles sont déjà plus d’une centaine en Région wallonne. « Pour dépasser le sentiment de culpabilité et de honte et pour apprendre à gérer son mode de consommation, les Ecoles de consommateurs offrent l’opportunité d’exercer autrement son rôle de citoyen, en sortant de l’isolement, explique Nadine Fraselle. Avec de petits budgets, les apprenants s’orientent vers une consommation plus économique, plus collective, plus durable ». A quand de tels cours dans les programmes scolaires ?

3 commentaires sur “Besoin d’argent?”

  1. Pierre K dit :

    J’avais un littige qui s’est régularisé le 17 mars 2008 et qu’on a mentionné à la Banque Nationale.
    Depuis j’ai trouvé un nouveau travail qui me paie très bien. Par lequel je peux largement rembourser des mensualités mais je n’ai plus droit à un crédit vu qu’il faut attendre une année après la régularisation.
    Est-ce qu’il n’y a vraiment aucune sollution à cela ? J’ai entâmé mes cours de piltoage pour lesquelles je voudrai financer ma pratique mais ce n’est pas gagné. Pouvez-vous m’aviser à ce sujet ?
    Merci.

  2. ISABELLE dit :

    Bonjour Laura,

    As tu déjà pensé à une activité complémentaire? Cela pourrait t’aider financièrement.

    courage

  3. laura dit :

    Je suis en réglement collectif de dette, car mon mari à repris une librairie il y a 4 ans. Celle ci ne fonctionnait pas bien. Les sortie était plus importante que les rentrer. Il décide donc de la remettre. C’est la que ces parents le suplie de la remettre à son frère qui le suis de 3 ans. Afin de ne pas perdre de temps, les parents de mon mari lui demande que sont frère puisse ouvrire la librairie de suite et que parrallèlement ils feraient les démarches pour le rachat du commerce. la librairie à donc ouvert alors que tout était encore au nom de mon mari. Un gros mois après l’ouverture du commerce, mes beaux parents n’on plus donner signe de vie. Il n’on jamais fais les démarche pour racheter le commerce en bonne et dûe forme à leur fils. Pire il on même dénoncer les différents prêts afin que les banques se retourne contre nous et que la loi considère que nous avons abandoner le commerce à son triste sort, obligent les parents de mon mari qui étaient garrant des divers prêts, à reprendre le commerce malgrée eux, afin de ne pas se retrouver dans la rue . La bonne blague… Nous avons entamer une procédure juridique pour nous sortir de la. Hélas en vain. Aujourd’hui ils exploitent le commerce et c’est nous qui payons le fond de commerce. Il y a des jours comme celui ci, ou je me demande pourquoi je me bats. J’ai envie de mourir. Cela fait 4 ans que je ne me suis plus acheter de vêtements. Je ne mange pas tout les jours et mes enfants non plus. Nous n’avons eu droits a aucune aide sociale car jusqu’a aujourd’hui mon mari et moi travaillions. Et notre médiateur ne paie jamais le même salaire. Sans donner d’explications. La situation précaire dans la quelles mes enfants et nous même sommes est sans mots. Le pire c’est que je n’ai pas de prêt voiture, ni maison, ni tv, homme vidéo… Je n’ai jamais fait parite de ces personnes qui veulent voir augementer leur pouvoir d’achat. Je voulais simplement pouvoir vivre décament. Si certaines personnes veulents nous aider financièrement elles sont les biens venues car je ne sais plus quoi faire pour m’en sortir. Que j’ai un emploie ou pas ne change rien, ont gagnent le même.