Misère ou pauvreté ? Tout est relatif !Clés pour comprendre

25 février 2009

pauvrete-misereAlors que l’ONU nous parle de lutte contre l’extrême pauvreté, et non plus contre la pauvreté (triste et comique aveu d’impuissance !), voici une comparaison de ces deux notions. Qu’entend-on par là ? A partir de quel point de vue les envisageons-nous ? Qu’impliquent-ils concrètement ? Prenons un peu le large !

« Pauvre » vient du latin « pauper », cela signifie à l’origine « qui produit peu » (comme une terre peu productive), « qui est dans le besoin ». En revanche, « Misère » vient du latin « miseria » qui évoque le malheur, le souci, la peine. On y trouve plutôt l’idée de souffrance. Quand on est dans la misère, on en bave, tandis que le pauvre peut avoir suffisamment pour vivre, et même être heureux – comme ces Amérindiens étrangers au matérialisme et ces adeptes de la décroissance de France et de Navarre.

La notion de pauvreté est toute relative. Pour les habitants du Nord qui vivent dans une société de consommation où le superflu afflue, les indiens d’Amazonie n’ont pas de chance. Pensez-vous ! Ils n’ont ni portable, ni télé, ni fast food ! Les « pauvres » ! Ceux-là ne vivraient pas si mal si on ne leur imposait pas un modèle de société qu’ils n’ont pas choisi, et dont ils sont les premiers à souffrir. Avec les spéculations boursières, les produits alimentaires de base n’ont-ils pas vu leur prix flamber sur le marché mondial ? Finalement, le capitalisme ne crée-t-il pas la misère là où les gens vivaient pauvrement mais mangeaient à leur faim ?

Ne parlons même pas des fortes incitations à produire des monocultures pour l’exportation, qui les mettent pieds et poings liés aux pays du Nord. Misère rime souvent avec dépendance vis-à-vis de forces dominantes.

« Dépendance » rôde toujours autour…

Qui dit pauvreté ou misère dit aussi lutte dans nos réseaux militants. Mais s’agit-il de lutter contre la pauvreté ou contre la concentration de richesses ? Ouille, tout ça devient trop politique, mon bon monsieur !

illu-pauvrete-misereQuand, submergé par l’émotion devant une image de petit africain maigrichon, on réagit en envoyant des tonnes de produits alimentaires (produits au Nord !), voit-on les conséquences de ce geste : mise en péril de l’entreprise locale sans changement durable des conditions de vie des habitants ? Tiens, revoilà le gros mot « dépendance », il rôde toujours autour. Ils jouent certes de provocation, ceux qui lancent : « Ne vaut-il pas mieux leur fiche la paix à ces pays, puisqu’on fait souvent pire que mieux en intervenant pour les aider ? », mais il y a de quoi se poser la question.

D’autres voies s’ouvrent pourtant : on peut oeuvrer pour la sauvegarde de la souveraineté alimentaire des pays. On peut aussi développer des échanges réciproques avec les pays du Sud : des étudiants agronomes ne sont-ils pas allés en Afrique voir comment les agriculteurs avaient conçu un système d’irrigation pour s’en inspirer ? Et que dire du Bhoutan, ce petit pays voisin de l’Inde qui a créé un nouvel indicateur bien plus pertinent que le PIB: le Bonheur National Brut !

Quand la crise s’abat, ne perdons pas de vue que les richesses humaines, elles, ne risquent pas de s’épuiser !

Patricia Hanssens (avec les ‘richesses’ apportées par Olivier Noël et Vincent Tanguy de la MRES, Faustine Wawak de Cap Solidarités et Adélie Miguel d’Iteco)
Article publié dans Le 23, le journal d’expression des associations du réseau MRES – Maison Régionale et de l’Environnement des Solidarités (n°194, hivers 2008-2009)

Illustration : Boualem Khelifi

Echange d’articles dans le cadre du projet EnviroDoc
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Union européenne: Fonds européen de développement régional

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