Jouer… les yeux ouverts !Gestes pratiques

3 mai 2012

L’industrie du jouet n’est pas le monde merveilleux auquel on pourrait s’attendre. Pour en savoir plus et agir en cohérence avec ses valeurs, voici quelques informations, conseils et références utiles.

Le chiffre d’affaires des jouets traditionnels (puzzle, poupées, voitures, jeux de société, de construction, peluches…) s’élevait à 83 milliards € en 2010 au niveau mondial. Le marché des jeux vidéos quant à lui représente aujourd’hui 52 milliards € et affiche depuis 2004 une progression annuelle de 20%.

On estime que chaque année, en Belgique, en moyenne, un enfant reçoit pour 250 € de jouets neufs… hors jeux électroniques. Il apparaît également, sur base des chiffres de 2007, qu’un Belge sur 16 a acheté une console de jeux sur une seule année, soit 344 000 consoles de salon et 294 000 consoles de jeux…

Derrière ces chiffres, déjà interpellant, d’autres réalités sont à prendre en compte. En Europe, 4 jouets sur 5 portent une étiquette « Made in China ». Mais dans la plupart de ces usines chinoises, les conditions de travail sont déplorables et les travailleurs sont souvent peu conscients de leurs droits : longues heures de travail (jusqu’à 16 heures par jour), absence de contrat de travail, logements insalubres dans l’usine même…

La présence de produits toxiques, nuisibles pour la santé des travailleurs mais également des enfants, commence seulement à être dénoncée. Phtalates dans des poupées et jouets en plastique, allergènes et retardateurs de flammes bromés dans les peluches, formaldéhyde dans les jouets en bois contreplaqués, métaux lourds… sont autant de substances toxiques habitant encore de trop nombreux jouets. Sans parler des piles indispensables au fonctionnement d’une série de jeux toujours plus sophistiqués…

Enfin, l’obsolescence programmée touche également l’univers des jouets. A ce mode de fabrication qui limite la durée de vie des objets, viennent encore s’ajouter les effets de la pub qui font se succéder les « modes » aussi vite qu’elles n’arrivent.

Autant de faits qui démontrent un business du jouet pas toujours recommandable… Alors, pourquoi ne pas sortir de ce « jeu » là et choisir « autrement » ? Le jeu en vaut la chandelle !

Pour y parvenir, quelques idées, à (re)découvrir, à picorer, à partager :

- Penser dès le départ à la solidité et à la qualité du jeu.

- Préférer un jouet dépourvu de substances toxiques ou labellisé. Mais, vigilance, le logo « CE » n’est pas un label, ni un gage de qualité. Il est apposé par le fabriquant qui affirme se conformer aux normes européennes de sécurité et de santé. Fions-nous plutôt à des labels délivrés par des organismes indépendants (GS, SpielGut, FSC, Ökotest). Et privilégions les jouets de composition simples et en bois, avec des peintures naturelles, sans colle toxique, sans parfum, en tissus non traités et si possible bio. Consulter le guide « Jouets – Protéger les enfants – En évitant les substances toxiques » de WECF : www.wecf.eu/francais/publications

- Opter pour des jouets fabriqués localement ou en Europe est une manière de soutenir l’activité locale, parfois même quelques derniers artisans constructeurs de jeux (en bois, par exemple), de meilleures conditions sociales des travailleurs et de limiter les impacts sur l’environnement (moins de km à parcourir). Probablement plus cher, l’idée est alors d’acheter moins de jouets… mais autrement.

- Découvrir les jouets issus du commerce équitable permet aussi de soutenir les artisans des pays en développement. Rendez-vous, par exemple, dans l’un des Magasins du monde – Oxfam (www.oxfammagasinsdumonde.be).

- Accorder de l’importance à bien choisir son jeu, grâce à des conseils personnalisés, proposés dans certains magasins de jeux et jouets, tenus par des passionnés. « Pour une autre idée du jeu » (www.pouruneautreideedujeu.be) rassemble quelques-uns de ces magasins hors du commun.

- Emprunter des jeux et jouets via la ludothèque de son quartier permet de limiter les achats et de tester plein de choses ! Infos auprès de l’asbl Ludo (www.ludotheques.be).

- Acheter (et donner) en seconde main coûte moins cher et contrairement aux idées reçues, les objets vendus sont souvent de bonne qualité puisqu’ils ont tenu jusque-là ! En magasin de seconde main (Oxfam, Petits Riens), en brocante, lors de bourses aux jouets (La Ligue des Familles : www.citoyenparent.be > nos activités), ou via internet (eBay, Freecycle).

- Si, comme de nombreux parents, vous ne savez plus où ranger les jeux de vos enfants, demandez aux grands-parents, marraines, oncles, amis… de ne plus offrir de jouets à la moindre occasion, quitte à préférer une chouette activité passée ensemble. Fabriquez ou téléchargez sur internet un « certificat d’exemption de cadeau ».

- Organiser une soirée troc de « vieux » jouets avec les enfants de vos amis.

- Construire soi-même ses jeux et jouets à partir de déchets et d’objets récupérés (lire article « Fabriquer ses jeux et jouets à partir de récup », dans Symbioses n°93, p.12).

- S’amuser avec ce qui nous entoure, dedans ou dehors… Transformer une grande caisse de carton en magnifique château. Superposer les larges coussins du fauteuil du salon pour en faire une cachette secrète. Construire une cabane en bois au détour d’un sentier forestier. Jouer à cache-cache derrière le muret de son quartier. Ne l’avons-nous pas tous fait dans notre enfance ?

- Prendre le temps de jouer ensemble…

Céline Teret et Joëlle van den Berg
Article publié dans le dossier « Eduquer à l’environnement par le jeu », de Symbioses (n°93 – hiver 2011/2012), magazine d’éducation à l’environnement du Réseau IDée

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