Les jeunes enfilent un « Gros Pull » pour le climatReportages

2 mars 2009

grospull À l’occasion de l’anniversaire du protocole de Kyoto, plus de 130 écoles wallonnes et bruxelloises ont diminué leur chauffage d’1°C dans le cadre de la « Journée Gros Pull ». L’objectif : rappeler symboliquement les engagements de la Belgique en termes de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.

Vendredi 13 février. Anderlecht, Institut de la Providence, 8h55. Les arrivants s’installent petit à petit dans l’Espace multiculturel, sur fond de musique d’ambiance moderne. Placardés un peu partout, des collages d’élèves (« Énergie de fossiles, stop à la préhistoire »), des articles de journal sur le nucléaire, des affiches d’associations environnementales ou d’expositions sur le développement durable. Le ton est donné : on est effectivement là pour parler climat et énergie.
Les élèves discutent, certains s’interrogent : « Il paraît qu’il y a un ministre qui va venir », tandis que d’autres font référence au thème de la journée : « T’as mis ton pull ? », « Il y a encore trop de chauffage quand même ».

Soudain, une image est projetée sur le mur : une liaison Internet est établie via une webcam avec deux écoles étrangères situées en France et en Lituanie, participant pour la première fois à une journée « gros pull », la troisième étape de la campagne « Effet de jeunes contre effet de serre » (après une journée « Pomme Locale » le 24/10 et « Récup’Attitude » le 28/11). Elles pourront suivre en direct la conférence de presse annoncée.

grospull3Évelyne Huytebroeck, Ministre de l’Environnement de la Région de Bruxelles–Capitale, commence par féliciter l’Institut pour ses démarches citoyennes, dynamiques, responsables et exemplaires. Un Certificat « Action pour le climat » vient d’ailleurs récompenser les efforts accomplis : une économie de 76,5 kg de CO2 a été réalisée par l’ensemble des 300 élèves de l’école. Elle rappelle ensuite la portée d’une telle journée, symbolique d’un engagement sur le long terme : « Pour agir sur les factures d’énergie, il ne faut pas toujours de gros investissements mais de petits gestes au quotidien ». La ministre Ecolo poursuit en soulignant qu’on dépense beaucoup d’argent pour l’énergie dans les écoles alors qu’on pourrait l’investir dans d’autres projets. Elle évoque aussi différents outils proposés aux établissements scolaires par Bruxelles Environnement pour poursuivre le travail de fond. Formations pour les professeurs, « coachs énergie » prodiguant des conseils pour éviter le gaspillage énergétique, dossiers pédagogiques thématiques, affiches, ou encore des « éco-teams » c’est-à-dire des équipes de délégués qui veillent à sensibiliser leurs camarades. Yves Sterckx, coordinateur de programmes chez GREEN asbl, l’association qui a coordonné l’événement : « Du moment que les enseignants comprennent qu’ils ne sont pas tout seuls et qu’ils peuvent faire appel à des organisations extérieures, il peut y avoir une collaboration vraiment fructueuse qui peut se mettre en place ».

9h35. Place à la musique à présent avec un rap intitulé « On n’a qu’une terre », composé par Ahmed, 20 ans, accompagné par quatre autres jeunes. Les paroles distribuées, le refrain est repris en chœur par la plupart des personnes présentes : « Vas-y consomme ! Consomme. Consume, consume ! Tronçonne, tronçonne ! Allume, allume ! ». L’inspiration, il l’a trouvée grâce aux activités organisées par l’école et en observant son milieu de vie, inquiétant : « Franchement, il y a trop de gaspillage, trop de pollution ! J’en parle chez moi, à la maison, à mes voisins, ma nièce, mes neveux, mes sœurs, mes frères et j’essaie de les sensibiliser. »

Le chauffage représente 18 % des émissions de gaz à effet de serre en Belgique. En moyenne, baisser le thermostat d’1°C permet d’économiser 7,5 % d’énergie et d’épargner 255gr de CO2 par personne et par jour.
En 2008, le nombre d’écoles participant l’action « gros pull » en Région Bruxelloise a été estimé à 140 écoles, néerlandophones et francophones confondues. Cela représente environ 40.000 élèves qui ont épargné à peu près 10 Tonnes de CO2.
D’après un sondage auprès des établissements concernés, 76% n’ont ressenti aucune différence de température. Par ailleurs, 95% des groupes se sont déclarés prêts à diminuer plus régulièrement le chauffage d’1°C : 74% de manière quotidienne, 23% de manière hebdomadaire et 3% mensuellement.

On poursuit avec la présentation des nombreuses réalisations des élèves, élaborées dans le cadre extrascolaire avec un « club européen » du mercredi après-midi : affiches, slogans, jeux et instruments de musiques confectionnés avec des matériaux de récupération (cartons, capsules, boîtes à œufs…). Yohann Fleury, professeur en éducation à la santé et coordinateur du club, ne cache pas sa fierté et évoque le rôle de l’éducation : « L’école n’est pas juste là pour former des gens à avoir des connaissances, mais également à en faire des citoyens responsables et responsables de la planète où l’on vit. Même si on n’a pas réussi à leur faire changer de comportement maintenant, tant qu’ils sont encore adolescents, je pense qu’on a peut-être mis une petite graine quelque part et que, quand ils deviendront eux-mêmes parents, ils se diront « ah mais j’avais entendu parler de ça à l’école et je comprends maintenant que je dois agir pour laisser quelque chose à mes enfants. »

Une dernière journée est programmée dans le cadre de la campagne « Effet de jeunes contre effet de serre » : la « Journée Mobilité », le 15 mai 2009. Les écoles y sont invitées à promouvoir un mode de déplacement alternatif avec leurs élèves : les transports représentent en effet 31% de notre consommation d’énergie.
Céline Grandjean, de GREEN asbl, explique : « L’objectif est de poser un geste un jour, mais évidemment de l’intégrer dans ses habitudes aussi, à long terme. Si, ensemble, on fait tous un effort pour le climat, il y a moyen de vraiment réduire notre impact. »

Helena Almeida

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