Changements climatiques en UneClés pour comprendre

22 novembre 2006

Sur petits et grands écrans, au creux des hémicycles nationaux ou internationaux, au travers des médias, à l’école… la sensibilisation à la lutte contre les changements climatiques est en marche. Face à l’urgence, le monde semble s’éveiller… enfin.

A l’heure où les changements climatiques figurent au coeur de toutes les attentions, la sensibilisation à cette thématique est plus que jamais d’actualité. Émanant de personnes publiques ou de « simples » citoyens, d’individus ou de collectifs, les initiatives se font grandissantes et, parfois même, épatantes. Elles agissent comme autant de preuves que chacun, quel qu’il soit, a sa pierre à apporter à l’édifice.

Une « simple » citoyenne à la tribune des Nations Unies

« Je sais que mon message peut paraître naïf, mais pour toutes les personnes que je représente, je demande expressément que pendant ce sommet, nous mettions de côté nos intérêts personnels au bénéfice d’un gain pour tous. » C’est avec ces quelques lignes que Margaretha Guidone conclut son discours. Les jambes encore chancelantes, elle a certainement dû regagner sa place derrière l’insigne « Belgium », partagée entre sentiments de soulagement et de fierté. Margaretha Guidone n’est autre qu’une « simple » citoyenne à qui le Ministre fédéral de l’environnement, Bruno Tobback, a cédé sa place, l’espace de 3 minutes, à la tribune de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. C’est devant les représentants de la plupart des pays du monde présents à Nairobi que cette mère au foyer habitant la province d’Anvers a fait part de son inquiétude pour l’avenir de tous les enfants de la planète.

Tout a commencé avec une sortie au cinéma. « Une vérité qui dérange » agit sur Margaretha Guidone comme un coup de fouet. C’est décidé: elle fera tout pour que le message lancé par Al Gore fasse tache d’huile. Avec l’aide d’une association, elle invite alors deux cents femmes et hommes politiques belges à assister à la projection du film. Quelques semaines plus tard, Margaretha Guidone est en route vers Nairobi pour prendre la parole à la place d’un ministre. Signe que la spontanéité et l’enthousiasme de « simples » citoyens ont parfois plus d’impact que les discours lancinants de représentants politiques.

Sous le feu des médias

Les actions de sensibilisation auprès du grand public se font désormais beaucoup moins dans l’ombre qu’auparavant. Comme le confiait avec espoir Geoffroy De Schutter de WWF Belgique à la sortie d’« Une vérité qui dérange » : « Il y a 5 ans, on n’aurait pas pu faire un film comme ça. On ne prenait pas au sérieux les personnes qui parlaient de changements climatiques. » Les mentalités ont évolué. Désormais, plus aucun doute ne plane au-dessus de la question du réchauffement climatique. La couverture médiatique autour des événements liés à la sensibilisation aux changements climatiques est en pleine expansion.

L’exemple avec l’opération « Bigfoot » lancée par les quotidiens Le Soir et De Morgen, en collaboration avec WWF Belgique. Résultat : plus de 11 000 lecteurs ont répondu au test de l’empreinte écologique. Et pendant plusieurs jours, ce thème a eu le privilège de faire l’objet de pages de Une, de nombreux articles et autres cahiers supplémentaires.

Agitation médiatique aussi en France, où les faits et gestes d’un certain Nicolas Hulot sont passés au peigne fin. Qui aurait cru que le présentateur d’Ushuaïa, actif dans la protection de l’environnement depuis de nombreuses années, parvienne soudainement à faire trembler le monde politique français en annonçant son éventuelle candidature ? Qui aurait cru que les grosses pointures de la politique française se le déchireraient, surenchérant les propositions de futurs postes? En attendant, Nicolas Hulot profite du contexte favorable dans lequel s’inscrit la cause environnementale pour poursuivre sa démarche de sensibilisation. Il vient de lancer un « Pacte écologique », invitant les candidats des différents partis à s’engager pour placer les enjeux écologiques et climatiques au cœur des débats de l’élection présidentielle 2007.

L’école de la lutte contre les changements climatiques

Au quotidien, la sensibilisation aux changements climatiques passe très certainement par les écoles et autres lieux d’éducation. Les jeunes, adultes de demain, sont plus que jamais concernés par l’avenir de la planète. Professeur de géographie à l’Institut des Sœurs de Notre-Dame d’Anderlecht, Anne Vandiest-Wallon multiplie les idées innovantes visant à ouvrir les yeux et oreilles de ses élèves. Cette année, elle rallie d’autres enseignants autour de la campagne de la Commission européenne « Le changement climatique : vous pouvez le maîtriser ! ». Au final, 250 élèves se sont engagés à adopter pendant six semaines des gestes pour agir à leur échelle sur les changements climatiques. Anne Vandiest-Wallon croise les doigts : « On verra si au bout des six semaines les sceptiques auront changé d’avis ».

C’est aussi dans ce cadre qu’une centaine de ces jeunes ont eu l’occasion de rencontrer la Ministre-Présidente de l’Enseignement obligatoire, Marie Arena. Après la projection d’« Une vérité qui dérange », une poignée d’élèves ont bravé le public pour interpeller la Ministre-Présidente au sujet du rôle de l’école dans la lutte contre les changements climatiques. À la question des formations pour enseignants, Marie Arena répond : « Il faudrait que le développement durable devienne presque quelque chose d’imposé. Il faudrait que des formations soient données auprès des 120 000 professeurs tous niveaux confondus, afin qu’ils puissent intégrer ce fil conducteur dans chaque cours. » Reste à voir ce que vont devenir ces « il faudrait »… La Ministre-Présidente rappelle également le rôle crucial des directeurs qui font le choix d’aborder l’environnement ou le développement durable dans les écoles et au travers des différentes disciplines.

Céline Teret

Photo: www.climatechange.eu.com

Pour en savoir plus :

  • Dans son « Carnet de Nairobi », Jean-Yves Saliez, Secrétaire général d’Inter Environnement Wallonie, livre ses impressions sur les travaux et les coulisses de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques
  • Le site du film « Une vérité qui dérange » (« An Inconvenient Truth »): www.climatecrisis.net
  • Le blog 100% biodégradable du quotidien Le Soir à l’occasion de l’opération « Bigfoot »
  • Le « Pacte écologique », une démarche d’interpellation des candidats à l’élection présidentielle française, de mobilisation des citoyens et de propositions pour nourrir le débat public
  • Campagne « Le changement climatique : vous pouvez le maîtriser » de la Commission européenne visant à aider les citoyens à contribuer à la lutte contre le changement climatique

Un commentaire sur “Changements climatiques en Une”

  1. M a n u dit :

    Concommitance des crises environnementales et des crises sociales

    A lire, le livre-choc d’ Hervé Kempf, « Comment les riches détruisent la planète », publié aux Éditions du Seuil.

    Présentation de l’éditeur

    Nous sommes à un moment de l’histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l’espèce humaine : pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère et met en danger son avenir. Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d’orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C’est un défi magnifique, mais redoutable. Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s’impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n’est animée d’aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l’idéologie néolibérale ne sait plus que s’autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d’influence sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse. Cette représentation du monde n’est pas seulement sinistre, elle est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l’injustice, sous-estime la gravité de l’empoisonnement de la biosphère, promeut l’abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures. Pour l’auteur de ces pages incisives et bien informées, on ne résoudra pas la crise écologique sans s’attaquer à la crise sociale concomitante. Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd’hui les riches qui menacent la planète.

    Biographie de l’auteur

    Hervé Kempf est un des journalistes d’environnement les plus réputés. Depuis près de vingt ans, il travaille à faire reconnaître l’écologie comme un secteur d’information à part entière, et a défriché nombre de dossiers sur le changement climatique, le nucléaire, la biodiversité ou les OGM. Après avoir fondé Reporterre, il a travaillé à Courrier international, à La Recherche, et maintenant au Monde.

    - Article paru dans Le Devoir : Les riches au banc des accusés.
    Le capitalisme serait à l’origine des crises sociales et écologiques
    http://www.ledevoir.com/2007/01/06/126618.html